Le talmud loi orale ou La Torah Loi Ecrite ?
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Qu'est ce que le Talmud ?
Il a fallu le Talmud pour tenter d' expliquer la Bible
Shalom, Bernard...
Qu'est ce que le Talmud ?
Le Judaïsme Rabbinique croit que Dieu a donné à Moïse une Loi Ecrite (trouvée dans la Torah, les cinq livres de Moïse). Mais, on nous dit que la plupart des commandements sont exprimés succinctement, que ce sont des déclarations générales, un peu comme les titres de chapitre dans un livre. On doit les interpréter. Il faut les développer et les expliquer. Donc, selon la croyance traditionnelle, Dieu a aussi donné à Moïse une Loi Orale qui interprète la Loi Ecrite. Moïse l'a ensuite transmise à Josué, qui à son tour, l'a transmise ensuite aux 70 anciens qui dirigeaient dans sa génération, qui l'ont transmise aux prophètes des générations suivantes.
Et ainsi de suite, mais avec un grand nombre d'ajouts. C'est pourquoi les rabbins enseignent que la Loi Orale ne cesse de s'accroître, puisqu'à chaque génération, de nouvelles traditions se sont développées et de nouvelles situations se sont présentées qui nécessitaient de nouvelles applications de la Loi.
Deux siècles après l'ère de Jésus, la Loi Orale était si volumineuse et complexe qu'il fallut l'écrire pour qu'elle ne se perde pas. Ceci devint la Mishnah, qui fut étendue en ce qui est maintenant connu comme le Talmud dans les siècles suivants. Après cela, selon les croyances rabbiniques, ceux qui étudiaient le Talmud continuèrent à développer et transmettre la Loi Orale à chaque génération suivante.
TOUT JUIF RELIGIEUX CROIT DE TOUT SON COEUR QU'IL EST IMPOSSIBLE DE COMPRENDRE LES ECRITURES OU D'ACCOMPLIR LA LOI DE DIEU SANS LES TRADITIONS ORALES.
Le problème,
- Le Talmud s'arrogent une autorité que les Ecritures ne leu ont jamais donnée.
- Le Talmud place la voix du raisonnement terrestre sur un niveau supérieur à la voix prophétique du Ciel.
- Le Talmud contredit la signification évidente des Ecritures.
- Le Talmud à certains moments contredit même la Voix de Dieu.
- Il n'y a pas d'évidence biblique d'une chaîne ininterrompue de traditions et de nombreuses évidences qui l'a contredise.
La question que chaque Juif honnête doit se poser est :
"ET SI LA BIBLE DIT UNE CHOSE ET MES TRADITIONS UN AUTRE ? SUIVRAI-JE DIEU, OU SUIVRAI-JE LES HOMMES ?"
Cécile.
Cécile- Messages : 24
Date d'inscription : 15/11/2009
Age : 59
Localisation : BRESSE BOURGUIGNONE
Re: Le talmud loi orale ou La Torah Loi Ecrite ?
Shalom Jude,
Lorsque le Christ s'est mis à enseigner les juifs de son temps, il ne parlait pas "évangélien", il n'y avait pas d'Eglise, pas de théologie et pourtant tout le monde le comprenait.
Deux éléments m'apparaissent primordiaux dans le rapport que nous avons avec ceux qui n'ont pas notre approche chrétienne.
D'abord ne parler que de ce qu'ils sont susceptibles de comprendre...Les discussions sur le pape, sur la religion catholique, sur les sacrements ne conduisent qu'à des dialogues de sourds. Je me refuse toujours d'aborder une discussion si je n'ai pas la certitude que mon interlocuteur est capable d'entrer dans l'intelligence de mon propos; non seulement sur le plan de la compréhension mais aussi sur sa disponibilité à s'ouvrir à une autre démarche que la sienne.
Discuter de la foi avec un rationaliste est du temps perdu. Parler de l'action du Saint Esprit à quelqu'un qui n'a que de vagues connaissances sur la pesonne dde Jésus Christ est totalement inutile.
Ensuite, je voudrais dire que la spiritualité chrétienne ne peut se comprendre que si la morale naturelle constitue déjà un acquis. Le concept de charité ne peut se séparer de celui de solidarité humaine , la notion de justice chrétienne n'a aucun sens si les droits fondamentaux de la personne humaine ne constituent pas un impératif collectif d'une société...
Il est normal qu'une religion , et pas seulement le caholicisme, ait ses codes, son vocabulaire, ses pratiques, mais ces aspects ne concernent que les fidèles initiés qui sont capables d'en comprendre le sens... vouloir les offrir à la compréhension des profanes me semble non seulement inutile mais sujets à des incompréhensions graves.
Il me semble que nous devons veiller à nous situer toujours au niveau de notre interlocuteur et dans la mentalité qui est la sienne. Sans la certitude de valeurs communes, d'identité de sens dans les concepts et les mots que nous employons, sans des outils communs, le partage est inutile.
Il me parait préférable de commencer par le partage de notions de base communes avant de nous fourvoyer dans des discussions byzantines, chacun usant de son langage et de ses angles de vue très particuliers.
Joyeux Noël Jude!
Bien cordialement
Lorsque le Christ s'est mis à enseigner les juifs de son temps, il ne parlait pas "évangélien", il n'y avait pas d'Eglise, pas de théologie et pourtant tout le monde le comprenait.
Deux éléments m'apparaissent primordiaux dans le rapport que nous avons avec ceux qui n'ont pas notre approche chrétienne.
D'abord ne parler que de ce qu'ils sont susceptibles de comprendre...Les discussions sur le pape, sur la religion catholique, sur les sacrements ne conduisent qu'à des dialogues de sourds. Je me refuse toujours d'aborder une discussion si je n'ai pas la certitude que mon interlocuteur est capable d'entrer dans l'intelligence de mon propos; non seulement sur le plan de la compréhension mais aussi sur sa disponibilité à s'ouvrir à une autre démarche que la sienne.
Discuter de la foi avec un rationaliste est du temps perdu. Parler de l'action du Saint Esprit à quelqu'un qui n'a que de vagues connaissances sur la pesonne dde Jésus Christ est totalement inutile.
Ensuite, je voudrais dire que la spiritualité chrétienne ne peut se comprendre que si la morale naturelle constitue déjà un acquis. Le concept de charité ne peut se séparer de celui de solidarité humaine , la notion de justice chrétienne n'a aucun sens si les droits fondamentaux de la personne humaine ne constituent pas un impératif collectif d'une société...
Il est normal qu'une religion , et pas seulement le caholicisme, ait ses codes, son vocabulaire, ses pratiques, mais ces aspects ne concernent que les fidèles initiés qui sont capables d'en comprendre le sens... vouloir les offrir à la compréhension des profanes me semble non seulement inutile mais sujets à des incompréhensions graves.
Il me semble que nous devons veiller à nous situer toujours au niveau de notre interlocuteur et dans la mentalité qui est la sienne. Sans la certitude de valeurs communes, d'identité de sens dans les concepts et les mots que nous employons, sans des outils communs, le partage est inutile.
Il me parait préférable de commencer par le partage de notions de base communes avant de nous fourvoyer dans des discussions byzantines, chacun usant de son langage et de ses angles de vue très particuliers.
Joyeux Noël Jude!
Bien cordialement
Bernard- Messages : 85
Date d'inscription : 19/12/2009
Age : 65
Localisation : Belgique
Re: Le talmud loi orale ou La Torah Loi Ecrite ?
Suite au messages de Cécile et Eliran concernant, on en vient à poser la question suivante:
Paul de Tarse était-il misogyne?
Et comme une grosse partie de la doctrine chrétienne est basée sur la théologie de Paul, l' Eglise serait-elle misogyne?
Si l'on tient compte de la mentalité du temps et des coutumes, il apparaît que Paul a plutôt contribué à la libération des femmes de son temps. Il les a autorisées à prendre la parole dans les assemblées, ce qui était inconcevable à l'époque. Il a prôné la réciprocité dans le couple alors que, dans la société romaine et la société grecque, les femmes, sauf exception, jouissaient de peu de considération. Ses conseils aux Corinthiens devaient représenter une véritable révolution: «Ce n'est pas la femme qui dispose de son corps, c'est son mari. De même, ce n'est pas le mari qui dispose de son corps, c'est sa femme» (1 Co 7,4). Considérer Paul comme un misogyne, comme on l'a dit trop souvent, et faire peser sur lui les déviations consécutives aux interprétations erronées de ses paroles s'avère parfaitement injuste.
La misogynie n’est pas le fait de la religion, mais de la culture dans laquelle vivaient les premiers pères qui passent de l’admiration la plus profonde à la détestation sans équivoque. D’autant plus que les femmes n’ont pas laissé d’écrits avant le Moyen Age, il est ainsi difficile de connaitre leur place exacte aux premiers temps du christianisme. Néanmoins, si les chrétiennes ont connu un rôle secondaire, elles ont bénéficié de traitements bien plus favorables que celles des païennes de leur temps.
Qu' en pensez-vous?
Paul de Tarse était-il misogyne?
Et comme une grosse partie de la doctrine chrétienne est basée sur la théologie de Paul, l' Eglise serait-elle misogyne?
Si l'on tient compte de la mentalité du temps et des coutumes, il apparaît que Paul a plutôt contribué à la libération des femmes de son temps. Il les a autorisées à prendre la parole dans les assemblées, ce qui était inconcevable à l'époque. Il a prôné la réciprocité dans le couple alors que, dans la société romaine et la société grecque, les femmes, sauf exception, jouissaient de peu de considération. Ses conseils aux Corinthiens devaient représenter une véritable révolution: «Ce n'est pas la femme qui dispose de son corps, c'est son mari. De même, ce n'est pas le mari qui dispose de son corps, c'est sa femme» (1 Co 7,4). Considérer Paul comme un misogyne, comme on l'a dit trop souvent, et faire peser sur lui les déviations consécutives aux interprétations erronées de ses paroles s'avère parfaitement injuste.
La misogynie n’est pas le fait de la religion, mais de la culture dans laquelle vivaient les premiers pères qui passent de l’admiration la plus profonde à la détestation sans équivoque. D’autant plus que les femmes n’ont pas laissé d’écrits avant le Moyen Age, il est ainsi difficile de connaitre leur place exacte aux premiers temps du christianisme. Néanmoins, si les chrétiennes ont connu un rôle secondaire, elles ont bénéficié de traitements bien plus favorables que celles des païennes de leur temps.
Qu' en pensez-vous?
Bernard- Messages : 85
Date d'inscription : 19/12/2009
Age : 65
Localisation : Belgique
Re: Le talmud loi orale ou La Torah Loi Ecrite ?
Eliran a écrit:Donc, même si à mes yeux, je n'accorde pas la même importance au Talmud qu'à la Torah, je suis malgré tout conscient que le Talmud reste indispensable à une bone compréhension de la Torah mais aussi des écrits du Nouveau Testament.
Je dis que Seule La Torah et la Bri't Hadasha restent fiable étant La Seule Loi et Parole de Dieu donnée aux hommes. Je suis prête à citer le talmud si celui-ci est conforme à La Bible car je sais que le talmud contient beaucoup d'écrits d'auteurs différents qui se contredisent les uns les autres, mais lorsque celui-ci s'en détourne, alors je le dénonce comme étant une fausse doctrine. Voilà ma position et elle ressemble en cela à celle de l'Apôtre Paul qui cita des textes Grecs non Bibliques pour leur parler car se sont des paroles qu'ils comprenaient :
Actes 17:28
...C'est ce qu'ont dit aussi quelques-uns de vos poètes: De lui nous sommes la race...
Eliran a écrit:A ce sujet, je vous invite à vous procurer l'excellent ouvrage : "The Complete Jewish Bible - David H. Stern" ainsi que son commentaire sur le Nouveau Testament. (Malheureusement, ces ouvrages n'ont pas encore été traduit en Français : Avis aux traducteurs : ce serait un apport essentiel à la communauté francophone !)
Tu as raison Eliran, c'est dommage que cette excellente version n'ait pas été traduite en Français !
Shalom à toi Eliran
Dernière édition par Admin le Ven 25 Déc - 15:18, édité 4 fois
Ruth Administratrice- Admin
- Messages : 8711
Date d'inscription : 22/10/2007
Re: Le talmud loi orale ou La Torah Loi Ecrite ?
Bernard a écrit:Paul de Tarse était-il misogyne?
On a prêté à Paul, Juif Pieux, beaucoup de choses fausses car les gens ne comprennent pas toujours le sens de la profondeur de ses écrits inspirés par Dieu et cela ne date pas d'hier.
2 Pierre 3:15-16
Croyez que la patience de notre Seigneur est votre salut, comme notre bien-aimé frère Paul vous l'a aussi écrit, selon la sagesse qui lui a été donnée.
C'est ce qu'il fait dans toutes les lettres, où il parle de ces choses, dans lesquelles il y a des points difficiles à comprendre, dont les personnes ignorantes et mal affermies tordent le sens, comme celui des autres Écritures, pour leur propre ruine.
Shalom à toi
Bernard
Ruth Administratrice- Admin
- Messages : 8711
Date d'inscription : 22/10/2007
Le Talmud...
"Et si la Bible dit une chose et mes traditions une autre ? Suivrai-je Dieu, ou suivrai-je les hommes ?"
Est-ce que Dieu est à l'origine de leurs traditions ou venaient-elles des hommes ?
Que dit le Judaïsme traditionnel de lui-même ?
"Le peuple Juif ne suit pas littéralement la parole de la Bible, et ne l'a jamais suivi. Ils ont été formés et dirigés par l'interprétation verbale de la parole écrite..."
L'érudit contemporain Orthodoxe H.Chaim Schimmel.
D'après le Rabbin Z.H.Chajes, une autorité du 19ème siècle :
"Le Talmud indique que les mots transmis oralement par Dieu sont plus importants que ceux qui ont été écrits."
Chajes va jusqu'à dire que :
"Les fis d'Israël doivent faire allégeance à l'autorité de la tradition dite rabbinique... Et celui qui n'adhère pas à la Loi non écrite et à la tradition rabbinique n'a pas part à l'héritage d'Israël..."
Comment peut-on déclarer de telles choses ?
Les rabbins soutiennent que c'est la Bible elle-même qui donne l'autorité exclusive pour interpréter la Torah et développer de nouvelles lois. Pour cela, ils s'appuient sur Deutéronome 17:8-12, probablement le texte le plus important dans la Bible pour le Judaïsme rabbinique.
Moïse dit que dans chaque génération les sacrificateurs, les Lévites et le juge en place à Jérusalem, auront le rôle d'une sorte de Cour Suprême, comme il en existe aujourd'hui dans de nombreuses nations autour du monde, y compris en Israël et aux Etats Unis. Cette cour aurait la responsabilité de régler les contestations d'ordre légal, comme l'homicide, la loi civile, les violences. C'est tout !
Le texte ne donne aucune autorité aux générations ultérieures de rabbins autour du monde (où est-il d'ailleurs parlé de rabbins ?), il ne donne pas non plus autorité à qui que ce soit, pour dire aux Juifs où prier, que prier, comment abattre leur bétail, que croire au sujet du Messie, quand rendre visite aux malades, si on peut écrire ou pas pendant le Shabbat, et ainsi de suite. Rien de tout cela ! Et pourtant, c'est à partir de ce petit texte que les sages ont tiré tant de pouvoir.
En ce qui concerne le verset 11, celui-ci a été interprété par le commentateur Nahmanide (RaMBaN) au 13ème siècle ainsi :
"Même s'il te semble qu'ils changent la 'droite' pour la 'gauche', il t'appartient de penser que ce qu'ils disent être la 'droite' est la 'droite'".
Pourquoi ? Parce que l'Esprit de Dieu est sur eux, et le Seigneur les gardera de toute erreur et de tout faux pas.
C'est quand même une revendication de taille ! Si les sages vous disent que la gauche est la droite, vous devez suivre les sages.
Si 1000 prophètes du calibre d'Elie et Elisée vous disent que la Torah veut dire une chose, mais 1001 sages vous disent qu'elle veut dire autre chose ! Qui suivrez-vous ? Maïmonide, l'érudit le plus influent du Moyen Age déclare énergiquement :
"La décision finale est conforme à celle des 1001 sages" (Introduction aux commentaires de la Mishnah)
Le Talmud enseigne même que si Elie lui-même diverge de la tradition rabbinique ou de la culture prédominante du peuple - pas une Loi Biblique mais simplement une tradition ou une coutume concernant cette Loi - alors il ne faut pas le suivre.
Mais, ne devrions nous pas suivre ce que dit clairement la Bible, même si un prophète affirme que Dieu lui a dit autre chose ? Bien sûr que nous le devons. Mais ce n'est pas ce que disait Maïmonide. Il affirmait que même si quelqu'un comme Elie approuvait ce que dit pleinement et de toute évidence les Ecritures, plutôt que la tradition rabbinique, il fallait suivre la tradition.
Donc même un prophète reconnu, soutenu par la puissance de Dieu, se conformant à la signification pure et simple de la Bible, avait moins de poids que la tradition rabbinique. Et les sages, même à la majorité d'un seul, l'emportaient sur Elie et Elisée en ce qui concernait l'interprétation de la Loi.
Les choses sont claires !!!!!
Cécile.
Est-ce que Dieu est à l'origine de leurs traditions ou venaient-elles des hommes ?
Que dit le Judaïsme traditionnel de lui-même ?
"Le peuple Juif ne suit pas littéralement la parole de la Bible, et ne l'a jamais suivi. Ils ont été formés et dirigés par l'interprétation verbale de la parole écrite..."
L'érudit contemporain Orthodoxe H.Chaim Schimmel.
D'après le Rabbin Z.H.Chajes, une autorité du 19ème siècle :
"Le Talmud indique que les mots transmis oralement par Dieu sont plus importants que ceux qui ont été écrits."
Chajes va jusqu'à dire que :
"Les fis d'Israël doivent faire allégeance à l'autorité de la tradition dite rabbinique... Et celui qui n'adhère pas à la Loi non écrite et à la tradition rabbinique n'a pas part à l'héritage d'Israël..."
Comment peut-on déclarer de telles choses ?
Les rabbins soutiennent que c'est la Bible elle-même qui donne l'autorité exclusive pour interpréter la Torah et développer de nouvelles lois. Pour cela, ils s'appuient sur Deutéronome 17:8-12, probablement le texte le plus important dans la Bible pour le Judaïsme rabbinique.
Moïse dit que dans chaque génération les sacrificateurs, les Lévites et le juge en place à Jérusalem, auront le rôle d'une sorte de Cour Suprême, comme il en existe aujourd'hui dans de nombreuses nations autour du monde, y compris en Israël et aux Etats Unis. Cette cour aurait la responsabilité de régler les contestations d'ordre légal, comme l'homicide, la loi civile, les violences. C'est tout !
Le texte ne donne aucune autorité aux générations ultérieures de rabbins autour du monde (où est-il d'ailleurs parlé de rabbins ?), il ne donne pas non plus autorité à qui que ce soit, pour dire aux Juifs où prier, que prier, comment abattre leur bétail, que croire au sujet du Messie, quand rendre visite aux malades, si on peut écrire ou pas pendant le Shabbat, et ainsi de suite. Rien de tout cela ! Et pourtant, c'est à partir de ce petit texte que les sages ont tiré tant de pouvoir.
En ce qui concerne le verset 11, celui-ci a été interprété par le commentateur Nahmanide (RaMBaN) au 13ème siècle ainsi :
"Même s'il te semble qu'ils changent la 'droite' pour la 'gauche', il t'appartient de penser que ce qu'ils disent être la 'droite' est la 'droite'".
Pourquoi ? Parce que l'Esprit de Dieu est sur eux, et le Seigneur les gardera de toute erreur et de tout faux pas.
C'est quand même une revendication de taille ! Si les sages vous disent que la gauche est la droite, vous devez suivre les sages.
Si 1000 prophètes du calibre d'Elie et Elisée vous disent que la Torah veut dire une chose, mais 1001 sages vous disent qu'elle veut dire autre chose ! Qui suivrez-vous ? Maïmonide, l'érudit le plus influent du Moyen Age déclare énergiquement :
"La décision finale est conforme à celle des 1001 sages" (Introduction aux commentaires de la Mishnah)
Le Talmud enseigne même que si Elie lui-même diverge de la tradition rabbinique ou de la culture prédominante du peuple - pas une Loi Biblique mais simplement une tradition ou une coutume concernant cette Loi - alors il ne faut pas le suivre.
Mais, ne devrions nous pas suivre ce que dit clairement la Bible, même si un prophète affirme que Dieu lui a dit autre chose ? Bien sûr que nous le devons. Mais ce n'est pas ce que disait Maïmonide. Il affirmait que même si quelqu'un comme Elie approuvait ce que dit pleinement et de toute évidence les Ecritures, plutôt que la tradition rabbinique, il fallait suivre la tradition.
Donc même un prophète reconnu, soutenu par la puissance de Dieu, se conformant à la signification pure et simple de la Bible, avait moins de poids que la tradition rabbinique. Et les sages, même à la majorité d'un seul, l'emportaient sur Elie et Elisée en ce qui concernait l'interprétation de la Loi.
Les choses sont claires !!!!!
Cécile.
Cécile- Messages : 24
Date d'inscription : 15/11/2009
Age : 59
Localisation : BRESSE BOURGUIGNONE
Re: Le talmud loi orale ou La Torah Loi Ecrite ?
Amen Cécile ! Entièrement d'accord avec toi !
Bien que je ne connaisse pas le talmud, je sais que de nombreuses citations contredisent La Torah et La Bri't Hadasha, c'est pourquoi je pensais intéressant de développer comme tu l'as fais un peu ici des citations talmudiques afin de voir ce qui est anti-Torah et ce qui peut être conforme à La Torah si cela existe car je sais que le talmud contient beaucoup d'écrits dont les auteurs se contredisent les uns les autres, en précisant toujours que Le Tenack et La Bri't Hadasha sont La Parole du Dieu Infaillible et pas le talmud qui ne sont que des écrits historiques et traditionalistes !
Bien que je ne connaisse pas le talmud, je sais que de nombreuses citations contredisent La Torah et La Bri't Hadasha, c'est pourquoi je pensais intéressant de développer comme tu l'as fais un peu ici des citations talmudiques afin de voir ce qui est anti-Torah et ce qui peut être conforme à La Torah si cela existe car je sais que le talmud contient beaucoup d'écrits dont les auteurs se contredisent les uns les autres, en précisant toujours que Le Tenack et La Bri't Hadasha sont La Parole du Dieu Infaillible et pas le talmud qui ne sont que des écrits historiques et traditionalistes !
Ruth Administratrice- Admin
- Messages : 8711
Date d'inscription : 22/10/2007
Où est-il fait mention d'une Loi Orale ?
Shalom Eliran, tu écris :
Je pense qu'il serait interessant de rechercher s'il est fait mention d'une Loi Orale dans la Bible hébraïque alors que, en contraste direct, il y a de fréquentes références à une nature obligatoire de la Loi Ecrite trouvées dans les Ecritures.
Deutéronome 31:24-26
Exode 24:7-8
Deutéronome 17:14-20 ; 28:58-59 ; 30:9-10
Josué 1:8 ; 23:6
1Rois 2:1-3
2Rois 22:13 ; 23:3, 21
1Chroniques 16:39-40
2Chroniques 30:5 ; 31:3 ; 35:26-27
Esdras 3:2-4 ; 6:18
Néhémie 10:28-29 ; 13:1
Daniel 9:13
Dans ces versets, où est-il fait mention d'une Loi Orale ?
Cécile.
Par ailleurs, ni Yechoua, ni Paul n'ont remis en question ces enseignements provenant de la loi orale, bien au contraire le Nouveau Testament est totalement imprégné de sa pensée, les paraboles de Yechoua proviennent directement des histoires racontées dans la loi orale pour illustrer les différents concept de la Torah.
Je pense qu'il serait interessant de rechercher s'il est fait mention d'une Loi Orale dans la Bible hébraïque alors que, en contraste direct, il y a de fréquentes références à une nature obligatoire de la Loi Ecrite trouvées dans les Ecritures.
Deutéronome 31:24-26
Exode 24:7-8
Deutéronome 17:14-20 ; 28:58-59 ; 30:9-10
Josué 1:8 ; 23:6
1Rois 2:1-3
2Rois 22:13 ; 23:3, 21
1Chroniques 16:39-40
2Chroniques 30:5 ; 31:3 ; 35:26-27
Esdras 3:2-4 ; 6:18
Néhémie 10:28-29 ; 13:1
Daniel 9:13
Dans ces versets, où est-il fait mention d'une Loi Orale ?
Cécile.
Cécile- Messages : 24
Date d'inscription : 15/11/2009
Age : 59
Localisation : BRESSE BOURGUIGNONE
Les paraboles de Jésus... et la Loi Orale ?
les paraboles de Yechoua proviennent directement des histoires racontées dans la loi orale pour illustrer les différents concept de la Torah
Les paraboles de Jésus nous émerveillent. Ce style est devenu sa marque de fabrique. Nous admirons tous son aptitude à communiquer des vérités profondes au travers de récits de la vie quotidienne.
- Une femme piaille et use la patience d'un juge.
- Un roi s'engage précipitamment dans un conflit mal préparé.
- Un groupe d'enfants se disputent dans la rue.
- Un homme est agressé et laissé pour mort par des voleurs.
- Un femme perd une drachme et réagit comme si elle avait tout perdu.
Nulle créature imaginaire ni complot pernicieux dans les paraboles de Jésus. Il decrivait simplement la vie autour de Lui.
Les paraboles servaient parfaitement les objectifs de Jésus.
Tout le monde aime entendre une bonne histoire et son talent de rarrateur éveillait l'intérêt d'une société de fermiers et de pêcheurs, pour la plupart illettrés.
Comme les histoires sont plus faciles à retenir que les concepts ou les arguments, les paraboles contribuèrent aussi à préserver son message : des années plus tard, songeant à ce que Jésus avait enseigné, ses paraboles revenaient en mémoire de manière très détaillée.
C'est une chose d'évoquer en des termes abstraits l'amour éternel et illimité de Dieu.
C'en est une autre de décrire :
- Un homme qui donne sa vie pour ses amis,
- Un père malade d'amour qui scrute l'horizon chaque soir dans l'espoir du retour de son fils capricieux.
Jésus est venu sur terre rempli "de grâce et de vérité", dit l'Evangile de Jean (1:14), et cette expression résume parfaitement son message.
Cécile.
Cécile- Messages : 24
Date d'inscription : 15/11/2009
Age : 59
Localisation : BRESSE BOURGUIGNONE
Re: Le talmud loi orale ou La Torah Loi Ecrite ?
Shalom Shabbat
Conjuguer Loi écrite et Loi orale, n'est-ce pas la spécificité propre au judaïsme, par rapport aux autres religions du Livre?
La tradition juive a établi cette distinction. Dieu a transmis à Moïse la Loi écrite et son commentaire oral. Pour nous, la Loi écrite est fondamentale, mais c'est par la Loi orale que nous transmettons la dimension de parole de Dieu de maître à élève, de génération en génération. Cette Loi orale est celle qui concerne l'homme directement dans tous les aspects de la vie concrète. Un exemple célèbre: la Bible écrite dit en substance que, si quelqu'un crève un oeil à une autre personne, c'est un oeil pour un oeil. L'interprétation orale de cette Loi permet de comprendre qu'il ne faut pas la prendre au pied de la lettre. Elle explique que la victime est en droit d'attendre un dédommagement pécuniaire.
Autre exemple: le commandement "Tu ne tueras point" est, lui aussi, une source infinie de commentaires. Il oblige à se poser une question à la fois simple et difficile: qu'est-ce qu'une vie? L'incidence pratique en sera, par exemple, de déterminer à partir de quand un embryon est appelé une vie. De même, des interrogations se posent pour définir la maternité ou la paternité, lorsqu'il s'agit d'examiner les conséquences de la procréation médicale assistée. Ainsi, Mme X donne un ovocyte porté par Mme Y. L'enfant naît de Mme Y. Quel est son statut juridique? Par la Loi orale, c'est-à-dire par le travail talmudique, l'homme va définir ce que Dieu pense -en l'occurrence, qui est juridiquement la mère.
L'étude est donc placée au centre de la pratique religieuse...
Le but est non pas de connaître, mais d'apprendre. On apprend à tout âge. Si l'on n'apprend pas, on se sclérose, tant au niveau individuel que collectif. C'est pourquoi la première chose qui doit guider une communauté juive, c'est qu'elle dispose d'un lieu d'étude pour les enfants. La transmission de la Loi est au coeur du judaïsme. Il est même dit que rien ne doit interrompre l'étude. Y compris la construction du troisième Temple.
Cette pratique studieuse a-t-elle encore un sens dans un monde contemporain, en tout cas en Europe, de moins en moins religieux?
La base du judaïsme est non pas le religieux, mais l'étude, comme nous venons de le dire. Voilà pourquoi nous n'avons pas peur du progrès. L'aventure du talmudiste consiste à explorer tous les aspects d'une question et à en dégager les principaux enseignements. L'étude s'effectue par deux. Elle est une confrontation enrichissante. Et, quand le maître parle, il attend des élèves qu'ils lui posent des questions. La discussion est nécessaire: elle est une condition de la compréhension. Rachi [rabbin et talmudiste du XIe siècle] a dit: quand Dieu enseignait à Moïse, celui-ci lui posait des questions.
Qu'est-ce qui distingue les meilleurs interprètes?
La tradition orale bouge sans cesse. Aujourd'hui encore, plusieurs grandes écoles talmudistes sont à l'oeuvre. Dans l'Histoire, je retiendrai quand même Rachi, parce qu'il allie dans ses commentaires de la Torah et du Talmud une remarquable simplicité de forme et beaucoup de profondeur. Maïmonide, que tout le monde connaît comme philosophe, fut aussi un talmudiste exceptionnel.
Une réflexion en passant
Bernard
Conjuguer Loi écrite et Loi orale, n'est-ce pas la spécificité propre au judaïsme, par rapport aux autres religions du Livre?
La tradition juive a établi cette distinction. Dieu a transmis à Moïse la Loi écrite et son commentaire oral. Pour nous, la Loi écrite est fondamentale, mais c'est par la Loi orale que nous transmettons la dimension de parole de Dieu de maître à élève, de génération en génération. Cette Loi orale est celle qui concerne l'homme directement dans tous les aspects de la vie concrète. Un exemple célèbre: la Bible écrite dit en substance que, si quelqu'un crève un oeil à une autre personne, c'est un oeil pour un oeil. L'interprétation orale de cette Loi permet de comprendre qu'il ne faut pas la prendre au pied de la lettre. Elle explique que la victime est en droit d'attendre un dédommagement pécuniaire.
Autre exemple: le commandement "Tu ne tueras point" est, lui aussi, une source infinie de commentaires. Il oblige à se poser une question à la fois simple et difficile: qu'est-ce qu'une vie? L'incidence pratique en sera, par exemple, de déterminer à partir de quand un embryon est appelé une vie. De même, des interrogations se posent pour définir la maternité ou la paternité, lorsqu'il s'agit d'examiner les conséquences de la procréation médicale assistée. Ainsi, Mme X donne un ovocyte porté par Mme Y. L'enfant naît de Mme Y. Quel est son statut juridique? Par la Loi orale, c'est-à-dire par le travail talmudique, l'homme va définir ce que Dieu pense -en l'occurrence, qui est juridiquement la mère.
L'étude est donc placée au centre de la pratique religieuse...
Le but est non pas de connaître, mais d'apprendre. On apprend à tout âge. Si l'on n'apprend pas, on se sclérose, tant au niveau individuel que collectif. C'est pourquoi la première chose qui doit guider une communauté juive, c'est qu'elle dispose d'un lieu d'étude pour les enfants. La transmission de la Loi est au coeur du judaïsme. Il est même dit que rien ne doit interrompre l'étude. Y compris la construction du troisième Temple.
Cette pratique studieuse a-t-elle encore un sens dans un monde contemporain, en tout cas en Europe, de moins en moins religieux?
La base du judaïsme est non pas le religieux, mais l'étude, comme nous venons de le dire. Voilà pourquoi nous n'avons pas peur du progrès. L'aventure du talmudiste consiste à explorer tous les aspects d'une question et à en dégager les principaux enseignements. L'étude s'effectue par deux. Elle est une confrontation enrichissante. Et, quand le maître parle, il attend des élèves qu'ils lui posent des questions. La discussion est nécessaire: elle est une condition de la compréhension. Rachi [rabbin et talmudiste du XIe siècle] a dit: quand Dieu enseignait à Moïse, celui-ci lui posait des questions.
Qu'est-ce qui distingue les meilleurs interprètes?
La tradition orale bouge sans cesse. Aujourd'hui encore, plusieurs grandes écoles talmudistes sont à l'oeuvre. Dans l'Histoire, je retiendrai quand même Rachi, parce qu'il allie dans ses commentaires de la Torah et du Talmud une remarquable simplicité de forme et beaucoup de profondeur. Maïmonide, que tout le monde connaît comme philosophe, fut aussi un talmudiste exceptionnel.
Une réflexion en passant
Bernard
Bernard- Messages : 85
Date d'inscription : 19/12/2009
Age : 65
Localisation : Belgique
Re: Le talmud loi orale ou La Torah Loi Ecrite ?
Shabbat Shalom, Bernard,
Je viens de lire ton message, je suis d'accord avec la tradition orale juive que tu présentes à la condition qu'elle n'en vienne pas à contredire ouvertement les Ecritures et à rejeter tout croyant Juif qui reconnaitrait Jéshua, le Messie Juif, à chaque page de la Bible Hébraïque...
Cécile.
Je viens de lire ton message, je suis d'accord avec la tradition orale juive que tu présentes à la condition qu'elle n'en vienne pas à contredire ouvertement les Ecritures et à rejeter tout croyant Juif qui reconnaitrait Jéshua, le Messie Juif, à chaque page de la Bible Hébraïque...
Cécile.
Cécile- Messages : 24
Date d'inscription : 15/11/2009
Age : 59
Localisation : BRESSE BOURGUIGNONE
Re: Le talmud loi orale ou La Torah Loi Ecrite ?
Shalom Shabbat
Jésus : un juif comme les autres?
Il me faut avant d’exposer ma réflexion, énoncer un fait : Jésus a existé.
Cette affirmation ne fait pas l’unanimité et il suffit, pour cela, de lire la littérature relative à la question de l’existence historique de Jésus. Cependant, plus que l’existence de Jésus c’est l’image et le mythe de Jésus qui nous sont parvenues à travers les évangiles et les textes apocryphes qui font discussion.
L’axiome de l’existence de Jésus, que je pose, s’appuie sur une déduction personnelle et une conviction : si les textes rabbiniques anciens le citent et prennent la peine d’en parler, cela signifie qu’un personnage, portant ce nom ou pas d’ailleurs, a existé.
En fait, Jésus ne préoccupe et n’intéresse que peu les sages du Talmud. Rares sont les passages talmudiques qui font allusion à Jésus et pour cette raison celui-ci apparait comme une figure marginale, traitée de manière anecdotique sans susciter de débat théologique.
Pour un chrétien, dont la figure de Jésus est centrale, cela peut sembler étrange et le porter à penser que si le Talmud et les rabbins ne parlent pas de lui c’est peut être pour en diminuer l’importance ou, si l’on cherche le consensus, simplement les rabbins ne sont pas rendu compte avec qui ils avaient à faire.
En fait ce n’est ni l’un ni l’autre. Les rabbins ne rejetaient pas Jésus, ils l’ignoraient ! C’était, à leurs yeux, un personnage commun, banal dans le contexte de l’époque.
Se pose alors un véritable problème. Les évangiles semblent contredire très franchement ce que je viens d’écrire. En effet ils sont pleins d’épisodes où Jésus se confronte ouvertement aux pharisiens et aux prêtres. Il (Jésus) semble tellement important, comme figure religieuse, que les évangiles affirment que les pharisiens passaient leur temps à espionner chaque fait et geste de Jésus et de ses disciples et que cette confrontation finit par la condamnation et la crucifixion de Jésus.
Où est la vérité, si tant est que nous pouvons la découvrir ?
Nous rentrons ici dans la réflexion déductive et je ferais part de mon avis, qui en aucun cas n’est parole d’évangile, si je puis dire.
Tout d’abord il m’est nécessaire de préciser un point.
Le judaïsme rabbinique est héritier du mouvement des pharisiens et pourtant dans tout le Talmud nous ne trouverons pas une seul fois cette parole ni une allusion à ce mouvement alors que le Talmud parle des Tzedokim (saducéens) qui sont leur antagonistes.
Qui sont les pharisiens ?
Le pharisaïsme apparaît comme une conséquence de la révolte des Maccabées vers le II siècle a.e.v. comme réaction contre l’hellénisme. Etrangement dans le Talmud nous ne trouverons jamais le mot « pharisiens ». Il est vrai qu’étant donné que les Tannaim (maîtres de la mishnà) et par la suite les Amoraim (maîtres du Talmud) sont des pharisiens, ils ne ressentaient pas le besoin de parler d’eux même ni de se définir. Ce n’est que grâce aux évangiles que ce nom nous est parvenu. L’origine du mot semble être : פרושים [PéROUSHYM] dont la racine signifie séparés. Il semble, donc, qu’il s’agisse d’un mouvement dissident à l’origine.
Le mouvement pharisien est en conflit avec le mouvement saducéen sur des questions fondamentales religieuses et en particulier sur les sources du judaïsme. Les saducéens ne reconnaissent qu’une seule source au judaïsme et cette source est la Torah écrite ou Torah Shébikhtav. Pour les pharisiens, la source du judaïsme est double : d’une part nous avons la Torah écrite mais à celle-ci s’ajoute une source qui a tout autant d’autorité, la tradition orale ou Torah Shébéalpé. Cette tradition orale est reçue et transmise par les Khakhamim ou savants/maîtres qui feront remonter cette tradition à Moise lui-même comme cela est enseigné par la première mishnà qui ouvre le traité des Pirké Avoth (Maximes des Pères) chap. I mishnà 1 :
“ משה קבל תורה מסיני, ומסרה ליהושע, ויהושע לזקנים, וזקנים לנביאים, ונביאים מסרוה לאנשי כנסת הגדולה. הם אמרו שלשה דברים: הוו מתונים בדין, והעמידו תלמידים הרבה, ועשו סיג לתורה: “
Moise reçut la Torah du (sur) le Sinaï, et il la transmit à Yéhoshou’à, et Yéhoshou’à la transmis aux anciens, et les anciens la transmirent aux Prophètes, et les Prophètes la transmirent aux membres de la Grande Assemblée. Ces derniers enseignaient trois choses : « Soyez prudent dans vos jugements, créez de nombreux élèves, faite une haie (de protection) autour de la Torah ».
La tradition orale acquiert ainsi, non seulement la même légitimité sacrée que la Torah écrite mais aussi la même force d’autorité et de plus elle sert comme l’enseigne la fin de la mishnà, à protéger la Torah écrite afin que celle-ci ne soit pas altérée dans sa transmission.
Pour les pharisiens, donc, la tradition orale sera la condition sine qua non pour pouvoir, non seulement comprendre la tradition écrite, mais aussi pouvoir l’appliquer et la vivre au quotidien. Il ne sera plus possible d’être juif si la tradition orale n’est pas acceptée. Cela est d’ailleurs confirmé par un passage du Talmud qui ne permet aucune équivoque (Traité Shabbat 31a) :
Un non juif se présente devant Chammaï et lui a demandé : « Combien avez-vous de lois ? » Chammaï lui a répondu : « Nous en avons deux, une loi écrite et une loi orale ». Le non juif lui dit : « Pour ce qui est de la loi écrite, j’ai confiance en toi, mais en ce qui concerne la loi orale, je n’ai pas confiance en toi ; fais moi juif et enseigne moi la loi écrite ». Chammai se fâcha et le renvoya. Il(le non juif) alla chez Hillel qui le rendit juif. Le premier jour, Hillel lui enseigna l’alphabet : « aleph, beth, ghimmel… ». Le lendemain, il (Hillel) lui épela les lettres de l’alphabet dans le sens contraire. Le non juif lui dit : « Mais hier, tu me les as épelées dans l’autre sens ! » Hillel lui répondit : « Ainsi donc tu t’appuies sur moi pour l’alphabet ; appuies-toi aussi sur moi pour la loi orale ! ».
Ainsi l’existence de la loi orale est le fondement du judaïsme. Le mouvement pharisien va avoir un succès incontestable parmi le peuple. En effet les saducéens se trouveront essentiellement parmi la classe noble et sacerdotale du peuple juif. Ils sont liés très fortement au Temple et aux rites sacrificiels qui s’y pratiquent. Pour cette raison ce mouvement disparaitra après 70 e.v, lorsque le Temple est détruit par Titus.
Les pharisiens, tout en continuant à respecter le culte du Temple, n’en font plus le pilier essentiel sur lequel repose la vie religieuse des juifs. Ce qui devient, par contre, l’élément vital de la vie juive est la prière et l’étude. Pour cette raison ils vont développer un nouveau centre de la vie du juif : le Beth Knesset (lieu de réunion qui sera traduit par synagogue) qui devient le lieu de la vie communautaire.
Ils introduisent la prière quotidienne (3 fois par jour) ainsi que la lecture de la Torah le samedi après-midi, le lundi et jeudi matin (ces dernier étant jours de marché et de tenue tribunal rabbinique) et la nécessité de la présence de 10 hommes pour former un Kahal. Le concept de Kahal sera vital pour les juifs en exil car il est la base des futures communautés de l’exil, communautés qui seront l’élément de survie des juifs pendant 2000 ans. Les pharisiens demandent aussi une vie d’application des mitzvoth et de piété.
Tout cela nous porte à dire, pour utiliser une image d’aujourd’hui, qu’ils sont ce que nous pouvons appeler le premier mouvement Hassidique du judaïsme.
Revenons-en à Jésus.
Jésus est homme de son époque et fils de la Galilée. Ces deux éléments seront fondamentaux pour comprendre l’homme.
Tout d’abord il ne se dira jamais Messie, ni ne se définira comme tel. Il laissera, par contre, Pierre le dire ainsi que la foule, lors de sa dernière venue à Jérusalem, ce qui peut être interprété comme une acceptation implicite. Cependant rien n’indique qu’il se proclame ouvertement Messie à aucun moment.
Par contre c’est un homme du peuple et comme tel il vivra au milieu de son peuple. Toute sa formation se fera au contact des Beth Knesset où il se rend pour étudier et lire la Torah. Or ces lieux sont les lieux du pharisaïsme par excellence. Il en assimilera les mêmes méthodes d’approche et d’enseignement comme le démontrent plusieurs épisodes narrés par les évangiles synoptiques et il suffit de lire, en particulier, Marc (12, 28-34) :
« Un scribe s’avança. Il les avait entendu discuter et voyait que Jésus leur avait bien répondu. Il lui demanda : « Quel est le premier de tous les commandements ? » Jésus répondit : « Le premier, c’est : Ecoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur ; tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force. Voici le second : Tu aimeras le compagnon comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là. » Le scribe lui dit : « Très bien, Maître, tu as dit vrai : Il est unique et il n’y en a pas d’autre que lui, et l’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son compagnon comme soi-même, cela vaut mieux que tous les holocaustes et sacrifices. » Jésus, voyant qu’il avait répondu avec sagesse, lui dit : « Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu. ».
Il est, juste avant cet épisode (toujours dans Marc), en discussion polémique avec les saducéens qui contestent la question du monde à venir, point essentiel de la doctrine des pharisiens que Jésus défend car il partage complètement cette conception avec ces derniers.
Ce qui est étonnant, pour un lecteur averti, c’est combien Jésus dans sa façon de répondre ressemble à un Rabbi Hillel, qui est cité ci-dessus.
Jésus est Galiléen et la Galilée est le centre de la résistance contre la domination romaine. C’est le monde des pharisiens et nombreux seront les galiléens qui seront crucifiés pendant la période de la vie de Jésus. C’est la punition que les romains infligent aux rebelles. Lorsque Jésus est enfant, il assiste à la crucifixion de 4000 galiléens qui s’étaient rebellés contre Rome et ses impôts trop lourds.
Tout ceci ne peut que profondément influencer ce galiléen. De fait il subira le même sort que les autres : la croix, car il était une menace pour l’autorité romaine. Cette autorité, d’ailleurs, ne se privera pas de placarder sur sa croix les raisons de sa condamnation : INRI (Iesus Nazareus Rex Iudaeorum) = Jésus le Nazaréen Roi des Juifs. Condamnation on ne peut plus politique.
La rébellion politique de Jésus n’était pas une rebellion armée, comme pouvait l’espérer Judas, un de ses disciples zélote (les zélotes furent un petit mouvement proche des pharisiens religieusement qui, contrairement à eux, prônèrent une rébellion armée contre l’occupation romaine et ils seront les défenseurs de Jérusalem en 70 empêchant les habitants de la ville de se rendre), qui en fut déçu et qui tenta par sa dénonciation de forcer Jésus à la lutte armée. Mais Jésus privilégiait une rébellion culturelle.
Il voulait réveiller le peuple à une vie plus profondément juive et séparée des romains. Son « Rendez à César ce qui est de César » n’est qu’une nouvelle affirmation que le mélange culturel avec l’occupant n’est pas possible. Il veut regrouper tous les croyants monothéistes et, à cette époque, il n’y a que les juifs et les samaritains qui sont considérés comme tels. Il tente ainsi de diminuer le clivage et la haine qui existent entre les samaritains et les juifs, sans toutefois aller jusqu’à abolir les différences qui persistent entre eux.
Il s’adresse au peuple en utilisant le langage que celui-ci comprend et qui est la prière et l’enseignement de la loi orale ainsi que font les pharisiens. Il affirme haut et fort qu’il n’est pas venu pour abolir la loi mais pour que les juifs l’appliquent mieux et non pas comme les saducéens en particulier uniquement dans la forme, mais avec la circoncision du cœur - expression de la Torah chère aux maîtres du Talmud. C’est la référence à la piété.
Tout ceci ne fait que ramener plus fortement Jésus à son identité juive et son adhésion au judaïsme. Mais, en conséquence, cela le rend d’autant plus banal pour le judaïsme. C’est pour cela que nous trouvons si peu de références à Jésus dans le Talmud. Sa figure n’est traitée que de manière anecdotique sans susciter débat théologique, qui n’aurait pas lieux d’être, d’ailleurs, puisque Jésus reste dans l’orthodoxie de l’époque.
Ce qui fera débat, bien plus tard après même l’époque talmudique, c’est la confrontation entre christianisme et judaïsme, lorsqu’au moyen âge, en réponse aux nombreuses attaques chrétienne contre le Talmud, apparaitra un texte qui sera par la suite condamné par les rabbins et mis complètement à l’index ( Toledoth Yéshou - Histoire de Jésus - qui est une invention dénigrant les origines de Jésus et sans aucune valeur historique ni base talmudique). Hélas, comme souvent, le monde chrétien - à travers des juifs convertis - en aura connaissance et cela accentuera les accusations accablantes envers les juifs, de haine contre Jésus.
Se pose, cependant, la question de savoir d’où vient cet antagonisme qui apparaît dans les évangiles envers les pharisiens, antagonisme qui finira par faire de l’expression « pharisien » un synonyme d’hypocrite.
En fait c’est un personnage de la plus haute importance qui aura un rôle prépondérant dans cette histoire : Shaul Mi Tarshish ou, si vous préférez, Paul de Tarse.
Il va détacher Jésus de ses liens avec les juifs pour en faire une figure universelle mais son véritable problème est mettre en évidence que le discours de Jésus est différent de celui des pharisiens. Il s’agira, donc, d’accentuer l’antagonisme en faisant apparaître des éléments secondaires comme essentiels et sources de discorde entre Jésus et les pharisiens. Je pense en particulier à l’épisode de Shabbath et des épis de blé. C’est d’autant plus étonnant que lorsque Jésus dit : « Ce n’est pas l’homme qui est fait pour le Shabbath mais le Shabbath pour l’homme » c’est ce que disent les maîtres du Talmud dans le traité Shabbath. Tout au plus ce qui peut être reproché à Jésus c’est la forme apparemment transgressive de l’enseignement, puisqu’il coupe des épis de blé durant Shabbath ce qui est une action interdite, mais ce n’est certainement pas suffisant pour le condamner à quoique ce soit d’un point de vue halakhique car il ne coupe pas un nombre d’épis suffisant pour que ce soit une transgression complète, ce qui démontre sa connaissance et son respect de la halakhà.
Paul va faire entrer la vie de Jésus dans une dimension atemporelle et surtout placer le discours de ce dernier dans la prospective de l’avenir. Jésus ne sera plus lié à son époque et son temps mais au royaume à venir, il ne parlera plus du royaume d’Israël mais du royaume des cieux. La nation de prêtres de Jésus n’est plus, comme c’est écrit dans la Torah, Israël mais ceux qui portent son message.
Paul transpose le discours de Jésus, du discours d’un juif s’adressant à des juifs, en un discours du Messie s’adressant aux hommes. Il va simplement créer le mythe de Christ - figure qui aurait été complètement incompréhensible à Jésus lui-même qui ne pouvait, en tant que juif, imaginer ni la Trinité ni l’incarnation divine - où Jésus se verra attribuer le rôle de tout premier plan mais ne fera pas de lui pour autant le fondateur du christianisme. Ce rôle de fondateur restera à Paul. Paul n’aura pas d’influence directe dans les écritures des évangiles, excepté celui de Luc, mais par ses épîtres et ses disputes avec Jacques et Pierre, il imposera sa lecture et son interprétation des textes. Cette lecture sera celle christique qui fait de Jésus le fils de D. et pratiquement D. lui-même.
Mais c’est un thème nouveau qui mérite, à lui seul, un développement plus approfondi.
Bernard
Jésus : un juif comme les autres?
Il me faut avant d’exposer ma réflexion, énoncer un fait : Jésus a existé.
Cette affirmation ne fait pas l’unanimité et il suffit, pour cela, de lire la littérature relative à la question de l’existence historique de Jésus. Cependant, plus que l’existence de Jésus c’est l’image et le mythe de Jésus qui nous sont parvenues à travers les évangiles et les textes apocryphes qui font discussion.
L’axiome de l’existence de Jésus, que je pose, s’appuie sur une déduction personnelle et une conviction : si les textes rabbiniques anciens le citent et prennent la peine d’en parler, cela signifie qu’un personnage, portant ce nom ou pas d’ailleurs, a existé.
En fait, Jésus ne préoccupe et n’intéresse que peu les sages du Talmud. Rares sont les passages talmudiques qui font allusion à Jésus et pour cette raison celui-ci apparait comme une figure marginale, traitée de manière anecdotique sans susciter de débat théologique.
Pour un chrétien, dont la figure de Jésus est centrale, cela peut sembler étrange et le porter à penser que si le Talmud et les rabbins ne parlent pas de lui c’est peut être pour en diminuer l’importance ou, si l’on cherche le consensus, simplement les rabbins ne sont pas rendu compte avec qui ils avaient à faire.
En fait ce n’est ni l’un ni l’autre. Les rabbins ne rejetaient pas Jésus, ils l’ignoraient ! C’était, à leurs yeux, un personnage commun, banal dans le contexte de l’époque.
Se pose alors un véritable problème. Les évangiles semblent contredire très franchement ce que je viens d’écrire. En effet ils sont pleins d’épisodes où Jésus se confronte ouvertement aux pharisiens et aux prêtres. Il (Jésus) semble tellement important, comme figure religieuse, que les évangiles affirment que les pharisiens passaient leur temps à espionner chaque fait et geste de Jésus et de ses disciples et que cette confrontation finit par la condamnation et la crucifixion de Jésus.
Où est la vérité, si tant est que nous pouvons la découvrir ?
Nous rentrons ici dans la réflexion déductive et je ferais part de mon avis, qui en aucun cas n’est parole d’évangile, si je puis dire.
Tout d’abord il m’est nécessaire de préciser un point.
Le judaïsme rabbinique est héritier du mouvement des pharisiens et pourtant dans tout le Talmud nous ne trouverons pas une seul fois cette parole ni une allusion à ce mouvement alors que le Talmud parle des Tzedokim (saducéens) qui sont leur antagonistes.
Qui sont les pharisiens ?
Le pharisaïsme apparaît comme une conséquence de la révolte des Maccabées vers le II siècle a.e.v. comme réaction contre l’hellénisme. Etrangement dans le Talmud nous ne trouverons jamais le mot « pharisiens ». Il est vrai qu’étant donné que les Tannaim (maîtres de la mishnà) et par la suite les Amoraim (maîtres du Talmud) sont des pharisiens, ils ne ressentaient pas le besoin de parler d’eux même ni de se définir. Ce n’est que grâce aux évangiles que ce nom nous est parvenu. L’origine du mot semble être : פרושים [PéROUSHYM] dont la racine signifie séparés. Il semble, donc, qu’il s’agisse d’un mouvement dissident à l’origine.
Le mouvement pharisien est en conflit avec le mouvement saducéen sur des questions fondamentales religieuses et en particulier sur les sources du judaïsme. Les saducéens ne reconnaissent qu’une seule source au judaïsme et cette source est la Torah écrite ou Torah Shébikhtav. Pour les pharisiens, la source du judaïsme est double : d’une part nous avons la Torah écrite mais à celle-ci s’ajoute une source qui a tout autant d’autorité, la tradition orale ou Torah Shébéalpé. Cette tradition orale est reçue et transmise par les Khakhamim ou savants/maîtres qui feront remonter cette tradition à Moise lui-même comme cela est enseigné par la première mishnà qui ouvre le traité des Pirké Avoth (Maximes des Pères) chap. I mishnà 1 :
“ משה קבל תורה מסיני, ומסרה ליהושע, ויהושע לזקנים, וזקנים לנביאים, ונביאים מסרוה לאנשי כנסת הגדולה. הם אמרו שלשה דברים: הוו מתונים בדין, והעמידו תלמידים הרבה, ועשו סיג לתורה: “
Moise reçut la Torah du (sur) le Sinaï, et il la transmit à Yéhoshou’à, et Yéhoshou’à la transmis aux anciens, et les anciens la transmirent aux Prophètes, et les Prophètes la transmirent aux membres de la Grande Assemblée. Ces derniers enseignaient trois choses : « Soyez prudent dans vos jugements, créez de nombreux élèves, faite une haie (de protection) autour de la Torah ».
La tradition orale acquiert ainsi, non seulement la même légitimité sacrée que la Torah écrite mais aussi la même force d’autorité et de plus elle sert comme l’enseigne la fin de la mishnà, à protéger la Torah écrite afin que celle-ci ne soit pas altérée dans sa transmission.
Pour les pharisiens, donc, la tradition orale sera la condition sine qua non pour pouvoir, non seulement comprendre la tradition écrite, mais aussi pouvoir l’appliquer et la vivre au quotidien. Il ne sera plus possible d’être juif si la tradition orale n’est pas acceptée. Cela est d’ailleurs confirmé par un passage du Talmud qui ne permet aucune équivoque (Traité Shabbat 31a) :
Un non juif se présente devant Chammaï et lui a demandé : « Combien avez-vous de lois ? » Chammaï lui a répondu : « Nous en avons deux, une loi écrite et une loi orale ». Le non juif lui dit : « Pour ce qui est de la loi écrite, j’ai confiance en toi, mais en ce qui concerne la loi orale, je n’ai pas confiance en toi ; fais moi juif et enseigne moi la loi écrite ». Chammai se fâcha et le renvoya. Il(le non juif) alla chez Hillel qui le rendit juif. Le premier jour, Hillel lui enseigna l’alphabet : « aleph, beth, ghimmel… ». Le lendemain, il (Hillel) lui épela les lettres de l’alphabet dans le sens contraire. Le non juif lui dit : « Mais hier, tu me les as épelées dans l’autre sens ! » Hillel lui répondit : « Ainsi donc tu t’appuies sur moi pour l’alphabet ; appuies-toi aussi sur moi pour la loi orale ! ».
Ainsi l’existence de la loi orale est le fondement du judaïsme. Le mouvement pharisien va avoir un succès incontestable parmi le peuple. En effet les saducéens se trouveront essentiellement parmi la classe noble et sacerdotale du peuple juif. Ils sont liés très fortement au Temple et aux rites sacrificiels qui s’y pratiquent. Pour cette raison ce mouvement disparaitra après 70 e.v, lorsque le Temple est détruit par Titus.
Les pharisiens, tout en continuant à respecter le culte du Temple, n’en font plus le pilier essentiel sur lequel repose la vie religieuse des juifs. Ce qui devient, par contre, l’élément vital de la vie juive est la prière et l’étude. Pour cette raison ils vont développer un nouveau centre de la vie du juif : le Beth Knesset (lieu de réunion qui sera traduit par synagogue) qui devient le lieu de la vie communautaire.
Ils introduisent la prière quotidienne (3 fois par jour) ainsi que la lecture de la Torah le samedi après-midi, le lundi et jeudi matin (ces dernier étant jours de marché et de tenue tribunal rabbinique) et la nécessité de la présence de 10 hommes pour former un Kahal. Le concept de Kahal sera vital pour les juifs en exil car il est la base des futures communautés de l’exil, communautés qui seront l’élément de survie des juifs pendant 2000 ans. Les pharisiens demandent aussi une vie d’application des mitzvoth et de piété.
Tout cela nous porte à dire, pour utiliser une image d’aujourd’hui, qu’ils sont ce que nous pouvons appeler le premier mouvement Hassidique du judaïsme.
Revenons-en à Jésus.
Jésus est homme de son époque et fils de la Galilée. Ces deux éléments seront fondamentaux pour comprendre l’homme.
Tout d’abord il ne se dira jamais Messie, ni ne se définira comme tel. Il laissera, par contre, Pierre le dire ainsi que la foule, lors de sa dernière venue à Jérusalem, ce qui peut être interprété comme une acceptation implicite. Cependant rien n’indique qu’il se proclame ouvertement Messie à aucun moment.
Par contre c’est un homme du peuple et comme tel il vivra au milieu de son peuple. Toute sa formation se fera au contact des Beth Knesset où il se rend pour étudier et lire la Torah. Or ces lieux sont les lieux du pharisaïsme par excellence. Il en assimilera les mêmes méthodes d’approche et d’enseignement comme le démontrent plusieurs épisodes narrés par les évangiles synoptiques et il suffit de lire, en particulier, Marc (12, 28-34) :
« Un scribe s’avança. Il les avait entendu discuter et voyait que Jésus leur avait bien répondu. Il lui demanda : « Quel est le premier de tous les commandements ? » Jésus répondit : « Le premier, c’est : Ecoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur ; tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force. Voici le second : Tu aimeras le compagnon comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là. » Le scribe lui dit : « Très bien, Maître, tu as dit vrai : Il est unique et il n’y en a pas d’autre que lui, et l’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son compagnon comme soi-même, cela vaut mieux que tous les holocaustes et sacrifices. » Jésus, voyant qu’il avait répondu avec sagesse, lui dit : « Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu. ».
Il est, juste avant cet épisode (toujours dans Marc), en discussion polémique avec les saducéens qui contestent la question du monde à venir, point essentiel de la doctrine des pharisiens que Jésus défend car il partage complètement cette conception avec ces derniers.
Ce qui est étonnant, pour un lecteur averti, c’est combien Jésus dans sa façon de répondre ressemble à un Rabbi Hillel, qui est cité ci-dessus.
Jésus est Galiléen et la Galilée est le centre de la résistance contre la domination romaine. C’est le monde des pharisiens et nombreux seront les galiléens qui seront crucifiés pendant la période de la vie de Jésus. C’est la punition que les romains infligent aux rebelles. Lorsque Jésus est enfant, il assiste à la crucifixion de 4000 galiléens qui s’étaient rebellés contre Rome et ses impôts trop lourds.
Tout ceci ne peut que profondément influencer ce galiléen. De fait il subira le même sort que les autres : la croix, car il était une menace pour l’autorité romaine. Cette autorité, d’ailleurs, ne se privera pas de placarder sur sa croix les raisons de sa condamnation : INRI (Iesus Nazareus Rex Iudaeorum) = Jésus le Nazaréen Roi des Juifs. Condamnation on ne peut plus politique.
La rébellion politique de Jésus n’était pas une rebellion armée, comme pouvait l’espérer Judas, un de ses disciples zélote (les zélotes furent un petit mouvement proche des pharisiens religieusement qui, contrairement à eux, prônèrent une rébellion armée contre l’occupation romaine et ils seront les défenseurs de Jérusalem en 70 empêchant les habitants de la ville de se rendre), qui en fut déçu et qui tenta par sa dénonciation de forcer Jésus à la lutte armée. Mais Jésus privilégiait une rébellion culturelle.
Il voulait réveiller le peuple à une vie plus profondément juive et séparée des romains. Son « Rendez à César ce qui est de César » n’est qu’une nouvelle affirmation que le mélange culturel avec l’occupant n’est pas possible. Il veut regrouper tous les croyants monothéistes et, à cette époque, il n’y a que les juifs et les samaritains qui sont considérés comme tels. Il tente ainsi de diminuer le clivage et la haine qui existent entre les samaritains et les juifs, sans toutefois aller jusqu’à abolir les différences qui persistent entre eux.
Il s’adresse au peuple en utilisant le langage que celui-ci comprend et qui est la prière et l’enseignement de la loi orale ainsi que font les pharisiens. Il affirme haut et fort qu’il n’est pas venu pour abolir la loi mais pour que les juifs l’appliquent mieux et non pas comme les saducéens en particulier uniquement dans la forme, mais avec la circoncision du cœur - expression de la Torah chère aux maîtres du Talmud. C’est la référence à la piété.
Tout ceci ne fait que ramener plus fortement Jésus à son identité juive et son adhésion au judaïsme. Mais, en conséquence, cela le rend d’autant plus banal pour le judaïsme. C’est pour cela que nous trouvons si peu de références à Jésus dans le Talmud. Sa figure n’est traitée que de manière anecdotique sans susciter débat théologique, qui n’aurait pas lieux d’être, d’ailleurs, puisque Jésus reste dans l’orthodoxie de l’époque.
Ce qui fera débat, bien plus tard après même l’époque talmudique, c’est la confrontation entre christianisme et judaïsme, lorsqu’au moyen âge, en réponse aux nombreuses attaques chrétienne contre le Talmud, apparaitra un texte qui sera par la suite condamné par les rabbins et mis complètement à l’index ( Toledoth Yéshou - Histoire de Jésus - qui est une invention dénigrant les origines de Jésus et sans aucune valeur historique ni base talmudique). Hélas, comme souvent, le monde chrétien - à travers des juifs convertis - en aura connaissance et cela accentuera les accusations accablantes envers les juifs, de haine contre Jésus.
Se pose, cependant, la question de savoir d’où vient cet antagonisme qui apparaît dans les évangiles envers les pharisiens, antagonisme qui finira par faire de l’expression « pharisien » un synonyme d’hypocrite.
En fait c’est un personnage de la plus haute importance qui aura un rôle prépondérant dans cette histoire : Shaul Mi Tarshish ou, si vous préférez, Paul de Tarse.
Il va détacher Jésus de ses liens avec les juifs pour en faire une figure universelle mais son véritable problème est mettre en évidence que le discours de Jésus est différent de celui des pharisiens. Il s’agira, donc, d’accentuer l’antagonisme en faisant apparaître des éléments secondaires comme essentiels et sources de discorde entre Jésus et les pharisiens. Je pense en particulier à l’épisode de Shabbath et des épis de blé. C’est d’autant plus étonnant que lorsque Jésus dit : « Ce n’est pas l’homme qui est fait pour le Shabbath mais le Shabbath pour l’homme » c’est ce que disent les maîtres du Talmud dans le traité Shabbath. Tout au plus ce qui peut être reproché à Jésus c’est la forme apparemment transgressive de l’enseignement, puisqu’il coupe des épis de blé durant Shabbath ce qui est une action interdite, mais ce n’est certainement pas suffisant pour le condamner à quoique ce soit d’un point de vue halakhique car il ne coupe pas un nombre d’épis suffisant pour que ce soit une transgression complète, ce qui démontre sa connaissance et son respect de la halakhà.
Paul va faire entrer la vie de Jésus dans une dimension atemporelle et surtout placer le discours de ce dernier dans la prospective de l’avenir. Jésus ne sera plus lié à son époque et son temps mais au royaume à venir, il ne parlera plus du royaume d’Israël mais du royaume des cieux. La nation de prêtres de Jésus n’est plus, comme c’est écrit dans la Torah, Israël mais ceux qui portent son message.
Paul transpose le discours de Jésus, du discours d’un juif s’adressant à des juifs, en un discours du Messie s’adressant aux hommes. Il va simplement créer le mythe de Christ - figure qui aurait été complètement incompréhensible à Jésus lui-même qui ne pouvait, en tant que juif, imaginer ni la Trinité ni l’incarnation divine - où Jésus se verra attribuer le rôle de tout premier plan mais ne fera pas de lui pour autant le fondateur du christianisme. Ce rôle de fondateur restera à Paul. Paul n’aura pas d’influence directe dans les écritures des évangiles, excepté celui de Luc, mais par ses épîtres et ses disputes avec Jacques et Pierre, il imposera sa lecture et son interprétation des textes. Cette lecture sera celle christique qui fait de Jésus le fils de D. et pratiquement D. lui-même.
Mais c’est un thème nouveau qui mérite, à lui seul, un développement plus approfondi.
Bernard
Bernard- Messages : 85
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Re: Le talmud loi orale ou La Torah Loi Ecrite ?
Là je ne suis pas d'accord, Bernard...
Le mouvement essénien connaît une vaste expansion. Parti du « désert de Damas », il s’étend sur le Golan et dans la basse Galilée, y compris le pourtour de la mer de Galilée et recrute ses nouveaux convertis surtout parmi les « am-ha-aretz » (basses classes paysannes).
Les zélotes étaient une "branche armée" des Esséniens...
A LIRE :
https://messianique.forumpro.fr/israel-et-l-eglise-f12/dejudaisation-du-christianisme-p4004.htm
Lors du procès de Jésus, le souverain sacrificateur invoqua le serment solennel du témoignage, « je T’adjure par le Dieu vivant… », pour poser une question à laquelle Jésus, en tant qu’accusé, était légalement tenu de répondre, « …de nous dire si Tu es le Christ, le Fils de Dieu. ». Jésus rompit enfin le silence et répondit : « Tu l’as dit. » (Matthieu 26 :63-64).
L’accusé poursuivit en évoquant en des termes exaltés le Fils de l’homme s’avançant sur des nuées célestes. C’en était trop. Aux yeux des fidèles juifs, les paroles de Jésus étaient blasphématoires à tous les égards de la justice. « Qu’avons-nous encore besoin de témoins ? » s’écria le souverain sacrificateur en déchirant ses vêtements (verset 65).
Il n’y avait qu’une seule alternative au blasphème et à la peine de mort :
Que les paroles de Jésus soient vraies et qu’Il soit réellement le Messie.
Mais comment aurait-il pu en être ainsi ? Ligoté, entouré de gardes armés, l’image même de l’impuissance, Jésus n’aurait pas pu moins ressembler au Messie tel qu’Israël L’imaginait.
C’est pourtant l’instant qu’Il choisit pour se révéler aux autorités, celui pendant lequel Il serait le moins crédible…
https://messianique.forumpro.fr/bible-le-tanach-et-la-brit-hadasha-f8/la-trinite-de-elohim-p4258.htm
Cécile.
Jésus est Galiléen et la Galilée est le centre de la résistance contre la domination romaine. C’est le monde des pharisiens et nombreux seront les galiléens qui seront crucifiés pendant la période de la vie de Jésus. C’est la punition que les romains infligent aux rebelles. Lorsque Jésus est enfant, il assiste à la crucifixion de 4000 galiléens qui s’étaient rebellés contre Rome et ses impôts trop lourds.
Le mouvement essénien connaît une vaste expansion. Parti du « désert de Damas », il s’étend sur le Golan et dans la basse Galilée, y compris le pourtour de la mer de Galilée et recrute ses nouveaux convertis surtout parmi les « am-ha-aretz » (basses classes paysannes).
La rébellion politique de Jésus n’était pas une rebellion armée, comme pouvait l’espérer Judas, un de ses disciples zélote (les zélotes furent un petit mouvement proche des pharisiens religieusement
Les zélotes étaient une "branche armée" des Esséniens...
A LIRE :
https://messianique.forumpro.fr/israel-et-l-eglise-f12/dejudaisation-du-christianisme-p4004.htm
Il va simplement créer le mythe de Christ - figure qui aurait été complètement incompréhensible à Jésus lui-même qui ne pouvait, en tant que juif, imaginer ni la Trinité ni l’incarnation divine - où Jésus se verra attribuer le rôle de tout premier plan mais ne fera pas de lui pour autant le fondateur du christianisme
Lors du procès de Jésus, le souverain sacrificateur invoqua le serment solennel du témoignage, « je T’adjure par le Dieu vivant… », pour poser une question à laquelle Jésus, en tant qu’accusé, était légalement tenu de répondre, « …de nous dire si Tu es le Christ, le Fils de Dieu. ». Jésus rompit enfin le silence et répondit : « Tu l’as dit. » (Matthieu 26 :63-64).
L’accusé poursuivit en évoquant en des termes exaltés le Fils de l’homme s’avançant sur des nuées célestes. C’en était trop. Aux yeux des fidèles juifs, les paroles de Jésus étaient blasphématoires à tous les égards de la justice. « Qu’avons-nous encore besoin de témoins ? » s’écria le souverain sacrificateur en déchirant ses vêtements (verset 65).
Il n’y avait qu’une seule alternative au blasphème et à la peine de mort :
Que les paroles de Jésus soient vraies et qu’Il soit réellement le Messie.
Mais comment aurait-il pu en être ainsi ? Ligoté, entouré de gardes armés, l’image même de l’impuissance, Jésus n’aurait pas pu moins ressembler au Messie tel qu’Israël L’imaginait.
C’est pourtant l’instant qu’Il choisit pour se révéler aux autorités, celui pendant lequel Il serait le moins crédible…
https://messianique.forumpro.fr/bible-le-tanach-et-la-brit-hadasha-f8/la-trinite-de-elohim-p4258.htm
Cécile.
Cécile- Messages : 24
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Re: Le talmud loi orale ou La Torah Loi Ecrite ?
Bernard a écrit:En fait ce n’est ni l’un ni l’autre. Les rabbins ne rejetaient pas Jésus, ils l’ignoraient ! C’était, à leurs yeux, un personnage commun, banal dans le contexte de l’époque.
Alors là pas du tout ! Au contraire, nous lisons dans les Evangiles que bien au contraire Yéshoua (Jésus) suscitait la contreverse et gênait certains chefs religieux avides de pouvoir.
Marc 12:12
Ils cherchaient à se saisir de lui, mais ils craignaient la foule. Ils avaient compris que c'était pour eux que Jésus avait dit cette parabole. Et ils le quittèrent, et s'en allèrent.
Bernard a écrit:Il va simplement créer le mythe de Christ - figure qui aurait été complètement incompréhensible à Jésus lui-même qui ne pouvait, en tant que juif, imaginer ni la Trinité ni l’incarnation divine - où Jésus se verra attribuer le rôle de tout premier plan mais ne fera pas de lui pour autant le fondateur du christianisme. Ce rôle de fondateur restera à Paul. Paul n’aura pas d’influence directe dans les écritures des évangiles, excepté celui de Luc, mais par ses épîtres et ses disputes avec Jacques et Pierre, il imposera sa lecture et son interprétation des textes.
Mais c'est Yéshoua (Jésus) Lui-Même qui envoya l'Apôtre Shaul (Paul) dire ce qu'il dit à propos du Machiach, ne l'oublie pas ! Ce n'est pas une invention de Paul !
Actes 9:3-7
Comme il était en chemin, et qu'il approchait de Damas, tout à coup une lumière venant du ciel resplendit autour de lui.
Il tomba par terre, et il entendit une voix qui lui disait: Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu? Il répondit: Qui es-tu, Seigneur? Et le Seigneur dit: Je suis Jésus que tu persécutes. Il te serait dur de regimber contre les aiguillons.
Tremblant et saisi d'effroi, il dit: Seigneur, que veux-tu que je fasse? Et le Seigneur lui dit: Lève-toi, entre dans la ville, et on te dira ce que tu dois faire.
Les hommes qui l'accompagnaient demeurèrent stupéfaits; ils entendaient bien la voix, mais ils ne voyaient personne.
Le danger avec le talmud, c'est qu'il se met au même niveau que La Torah remplassant de ce fait même La Torah de Dieu et ceci est gravissime, c'est d'ailleurs ce que repprochait Yéshoua (Jésus) aux pharisiens !
Matthieu 15:6
Vous annulez ainsi la parole de Dieu au profit de votre tradition.
En réalité, Yéshoua Etait Légaliste puisqu'il s'agissait de Sa Propre Loi Etant Dieu avec Son Père ! C'est pourquoi Il a aussi dit :
Matthieu 5:17
Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir.
Les pharisiens de l'époque de Yéshoua (Jésus) sont les Juifs ultra-orthodoxes de notre époque qui pensent qu'il y a une loi orale qui peut contredire La Loi Ecrite et Immuable de Dieu et les saduccéens sont ceux que l'on nomme aujourd'hui "les Karaites" et ne croient absolument pas en cette loi orale mais uniquement en La Torah Ecrite par Dieu et en cela ils ont raison mais malheureusement ils ne reconnaissent ni la Messianité de Yéshoua (Jésus) ni Sa Divinité et en cela ils ont tords.
D'ailleurs il est frappant de voir comment un Karaite Néhémiah Gordon parle de Yeshoua (Jésus), par exemple, il donne raison à Yeshoua (Jésus) disant que Yéshoua suivait scrupuleusement La Torah de Dieu contrairement aux Pharisiens (Orthodoxes de l'époque)
Néhémia Gordon un Juif Karaite (saduccéen) a écrit un livre intitulé :
The Hebrew Yeshua VS The Greek Jesus (Le Yeshoua Hébreu VS Le Jésus Grec)
Je le cite
Plus tôt cette semaine, j'ai répondu aux accusations du rabbin messianique contre les Karaïtes en général et moi en particulier. Depuis que j'ai publié mon livre The Hebrew Yeshua vs Jésus grec il ya près d'un an, j'ai été la cible de nombreuses accusations venant de tous côtés. J'ai été accusé d'être un missionnaire chrétien par les Rabbins et d'être un anti-missionnaire par les Rabbins messianiques. J'ai été accusé d'avoir écrit mon livre seulement pour promouvoir le judaïsme karaïte par les chrétiens et accusé de ternir le nom de karaïsme par certains Karaïtes. Cependant, ces réactions négatives sont des exceptions à la règle. Dans l'ensemble, les réponses à mon livre ont été très positives. Cela fait longtemps que je sais que vous ne pouvez pas plaire à tout le monde en permanence. (...) Il y aura toujours des opposants. Dans les posts précédents, j'ai mis l'accent sur la critique négative. A ce post, je tiens à équilibrer l'image en donnant une voix aux réactions positives sur mon livre.
Avant que je publie le livre j'ai été très préoccupé par la réaction qu'elle recevrait de mes collègues Karaïtes. Seraient-ils de goudron et de plumes contre moi et me chasseraient-ils de la communauté karaïte pour avoir écrit sur Yeshoua? Une partie de ma crainte était que les Karaïtes ont historiquement joué un rôle actif dans l'excuse juive dans le cadre de l'ensemble du débat judéo-chrétien. Alors, comment faire un livre décrivant le Yeshoua historique sous un jour positif qui peut être reçu par les Karaïtes ? Avant de le mettre sous presse, j'ai envoyé le livre à un célèbre professeur karaïte que certains pourraient décrire comme un «anti-missionnaire». J'ai pensé que si quelqu'un voulait me dénoncer pour le livre, il serait cette personne. Quand je lui ai dit que j'avais écrit un livre sur "Le Yeshoua Hébreu" Je ne pouvais détecter ni colère ni déception dans sa voix. Mais j'ai demandé qu'il garde un esprit ouvert et qu'il lise le livre avant qu'il ne rende un jugement. Quelques jours plus tard il m'a contacté avec un ton totalement différent et m'a demandé de lui envoyer immédiatement le livre de Matthieu en hébreu afin qu'il puisse en apprendre davantage sur les aspects karaïte du message de Yeshoua!
Ma deuxième préoccupation avant de publier le livre était de savoir comment mes frères du Rabbinat allaient réagir. Même si je suis très critique ouvertement au Rabbinisme, je considère toujours les Rabbiniques comme mes compatriotes juifs et ne veut pas les offenser. Dans l'ensemble, la réaction des Juifs rabbiniques a été très positive. La réaction la plus courante des Rabbaniques était qu'ils avaient acquis une meilleure compréhension de Yeshoua. La plupart des Rabbaniques qui ont lu le livre m'ont dit qu'avant ils croyaient que Yeshoua était un «Juif honteux» qui «méprisait la Torah". Après avoir lu le livre ils ont réalisé que si le Matthieu écrit en hébreu avait quelque valeur, il était clair que même à partir du Matthew grec, Yeshoua était en fait un bon Juif qui aimait la Torah.
Avant de publier ce livre, je n'étais pas vraiment inquiet de la manière dont les Chrétiens et les Messianiques répondraient. J'ai vraiment pensé que puiqu'ils professent croire en Yeshoua ils seraient très heureux d'entendre ce que Yeshoua a réellement enseigné, ou dans le pire scénario serait respectueusement en désaccord avec moi. Rétrospectivement, j'ai était très naïf. Dans mon livre, je dis bien comment Yeshoua défiait le pouvoir des pharisiens de son époque et quelques Rabbins Messianiques ont vu cela comme un défi à leur propre pouvoir. J'ai sous-estimé le degré auquel les gens voulait maintenir le pouvoir comme une fin en soi, plus importante que la recherche de la vérité. Pourtant, ce n'était que la réaction d'une minorité agissante. La plupart des Chrétiens et Messianiques, et même des Rabbins Messianiques, ont réagi très positivement à mon livre. Certaines de ces réactions ont été très surprenantes pour moi.
Sur ma tournée de conférences il y avait beaucoup de gens qui venaient vers moi et proclamaient que mon livre avait «renforcé leur foi en Yeshoua". Très franchement, cela me mettait mal à l'aise. Mon intention n'était ni de renforcer ni d'affaiblir la foi de personne en rien, seulement d'examiner ce que Yeshoua a réellement dit sur la base des sources historiques et des textes anciens.
Une réaction que je n'oublierai jamais était celle d'un jeune homme catholique qui portait le plus grand crucifix en bois que je n'ai jamais vu. Cet homme catholique s'est approché de moi en pleurant, me serra, et m'a dit qu'il comprenait maintenant que «Jésus Christ est réellement un Juif».
Une réaction commune des gentils a été de me dire qu'ils avaient "toujours détesté les Juifs à cause du Talmud", mais maintenant qu'ils réalisaient que, "les Juifs sont tout autant victimes de pharisaïsme que n'importe qui." Quand quelqu'un me dit quelque chose comme cela, je ne sais vraiment pas quoi dire. Je suis content que tu ne hais plus les Juifs, mais je ne suis pas si prompt à pardonner une durée de vie d'antisémitisme.
La réaction la plus étonnante est venu d'un ministre Chrétien-Jordanien arabe qui est monté au micro après une de mes présentations, et a proclamé: «Nous devons tous nous rappeler les racines juives de notre foi."
soucre traduit de l'original en Anglais :
http://www.hilkiahpress.com/testimonials.shtml
Je le cite encore ici :
Une étude récente de mon livre Le Yeshoua Hébreu VS Le Jésus Grec dit que Yeshua a en effet soutenu le "don de Dieu" sur l'autorité des pharisiens qui sont assis dans la chaire de Moïse. L'une des principales revendications était que Yeshua confirmait La loi orale des pharisiens. C'est un argument commun mis en avant par les croyants dans Loi orale-Messianique.
Par exemple, l'argument qui est courant est le suivant:
Le jeûne à un mariage
Yeshoua a dit qu'il était interdit de jeûner en présence d'un époux. La loi orale a soi-disant cette même interdiction alors que la Thora non. Par conséquent, Yeshoua aurait confirmé la Loi orale.
Je ne suis pas totalement certain que cette loi soit dans les premiers écrits rabbiniques. La source donnée par ces Messianiques de la Loi orale est le Talmud de Babylone, Soucca 25b. En fait, ce qu'elle dit dans ce passage se présente comme suit:
"Nos rabbins ont enseigné, l'époux, et le shoshbins [= préposés de l'époux] et tous les invités de la noce sont exempts de l'obligation de la prière et tefillin, mais sont liés à lire le Chema '» (Talmud de Babylone, Soucca 25b [ Soncino])
Rien n'est dit dans ce passage sur le deuil ou le jeûne, en présence de l'époux. Mais supposons pour un instant qu'il figure quelque part dans la Loi orale, ce qui n'a encore absolument rien à voir avec la déclaration de Yeshoua dans Mat 9:14-15. Alors les disciples de Jean vinrent auprès de Jésus, et dirent: Pourquoi nous et les pharisiens jeûnons-nous, tandis que tes disciples ne jeûnent point?
Yéshoua leur répondit: Les amis de l'époux peuvent-ils s'affliger pendant que l'époux est avec eux? Les jours viendront où l'époux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront.(Mat 9:15 [LSG])
La réponse de Yeshoua utilise une métaphore basée sur le bon sens. La métaphore de Yeshoua se compare à un époux et explique que, pendant qu'il est toujours avec eux, la célébration du mariage métaphorique est en cours. Dans l'ancien Israël, le jeûne est quelque chose qui doit être un signe de tristesse et de toute évidence, on ne devrait pas exprimer sa tristesse au cours d'une célébration. Fondamentalement, ce que Yeshoua dit, c'est que personne ne devrait pleurer pendant une fête, une personne ne pleure que lorsque la fête est terminée, et en particulier lorsque l'hôte de la fête est mort. Yeshoua dit que quand la fête sera terminée, ses disciples auront alors raison de jeûner et de pleurer (une pensée semblable apparaît dans Jean 16:20). Yeshoua n'a réellement besoin d'aucune Loi orale pour dire que l'on ne pleure pas lors d'une fête ou lors d'une célébration de mariage?
Ceux qui l'utilisent des arguments similaires à titre de preuve comme quoi Yeshoua a confirmé la loi orale des pharisiens utilisent essentiellement la légalisation de l'utilisation de métaphores de Yeshoua dans ses actions de chaque jour en les transformant en lois pharisienne. Ce serait comme (simple hypothèse) dire: "Les pharisiens obligent une personne à porter des chaussures, donc le fait que Yeshua portait des chaussures prouve qu'il a maintenu la Loi orale." Peut-être qu'il portait des chaussures parce que ses pieds étaient froids ou parce qu'il n'aimait pas marcher pieds nus sur les rochers?
Concernant le repas de la Pâque
Un autre exemple du même genre est fondée sur Matthieu 26:20 qui rend compte comme suit:
«Le soir étant venu, il se mit à table avec les douze."
L'argument avancé ici est que le mot "il se mit à table", anekeito en grec, veut dire «incliner». Maintenant, le même mot grec peut signifier simplement "s'assoir» sans que cela implique d'être allongé. Le mot grec semble exactement le même dans Matthieu 9:10 où Yeshoua s'assoit pour manger avec les publicains et de nouveau dans Jean 12:2 où il est dit que Lazare était "était l'un de ceux qui étaient" en bas pour dîner avec Yeshoua «six jours avant la Pâque ". En outre, Le Matthieu écrit en Hébreu utilise le mot normal pour "s'asseoir" dans Matthieu 26:20. Mais supposons que Yeshoua s'est effectivement allongé. L'argument est que la Loi orale exige que les participants s'inclinent pour Le seder de Passover et donc parce que Yeshoua s'est incliné à la "Cène", Il était pharisien, obéissant à la Loi orale.
Ce qui n'est pas mentionné, c'est que la coutume du couché au Seder pascal remonte à l'époque romaine quand les Romains s'allongaient sur des divans spéciaux appelés «triclinia". Dans la culture romaine, être couché sur un de ces divans spéciaux était le signe que la personne était un homme libre alors que les esclaves étaient contraints à s'asseoir sur des tabourets. Etre allongé est considéré comme un signe de la liberté sur l'esclavage qui est clairement l'idée derrière l'injonction de la loi orale à l'inclinaisont pour le repas de la Pâque. En tout état de cause, le fait que Yeshoua était assis sur un canapé à dossier inclinable prouve t-il vraiment qu'il a confirmé la Loi orale? Est-il avéré qu'il y avait un canapé autour de la table ?
Le jour du voyage de Sabbat
Un argument très intéressant mis en avant par les croyants sur la loi orale Messianique est basée sur le voyage du jour du "sabbat" mentionnée dans Actes 1:12. L'idée d'un voyage de «sabbat» est qu'il ya une limite, de savoir dans quelle mesure une personne peut aller à l'extérieur de sa ville le jour du sabbat. Censément cette idée est également mentionnée dans Matthieu 24:20. L'argument de la loi orale Messianique, c'est que cette limite de voyager le jour du Sabbat n'a pas de source dans la Torah, alors qu'il est connu de la Loi orale et donc Yeshoua et le Livre des Actes nous confirmerait donc la vérité de la Loi Orale. Ce que la Loi orale Messianique manque de mentionner c'est que les Esséniens, qui étaient farouchement anti-pharisaïque et qui ont totalement rejeté l'idée d'une Loi orale, ont également eu l'idée du voyage d'un sabbat. Cela est explicitement mentionné dans l'un des principaux documents esséniens connu comme le Pacte de Damas (alias le Document de Damas) du chapitre 10 verset 21.
Cela soulève la question suivante: Comment se fait-il que tant les Esséniens que les pharisiens avaient une notion d'une limite de Voyage durant le shabbat? La source de ce concept ne peut pas être la loi orale, parce que les Esséniens ne croyaient pas à la Loi orale. En fait, cette idée vient de la Torah, Exode, chapitre 16. Dans ce passage, les Israélites avaient reçu l'ordre de ne pas percevoir la manne le jour du Sabbat. Les Israélites ont ignoré ce précepte et en réponse le Créateur leur interdisait d'aller encore plus dans les champs où la Manne a été recueilli. Cette interdiction se trouve dans Ex 16:29,
"Considérez que YHWH vous a donné le sabbat; c'est pourquoi il vous donne au sixième jour de la nourriture pour deux jours. Que chacun reste à sa place, et que personne ne sorte du lieu où il est au septième jour."
Alors qu'est-ce que cela signifie de ne pas "sortir" de sa "place"? Dans le contexte, les Israélites ont quitté leur camp pour ramasser la manne des champs environnants. Donc, dans le contexte, quitter son lieu serait de quitter le campement et entrer dans les champs où la manne pouvait être collectées. Quand les Israélites entraient dans la terre, ils ne sont plus dans des campements, alors naturellement cette interdiction s'appliquait lorsqu'il s'agissait de quitter la ville d'une personne.
A ce stade, nous devons comprendre que les villes dans l'ancien Israël avaient trois zones: 1) la ville elle-même, 2) le MIGRASH environnantes ou "pâturages" (LSG: «banlieues») en dehors des murs de la ville, et 3) enfin, l'agriculture, les champs.
Cette division en trois zones distinctes était une réalité de la vie israélite antique qui est mentionné dans Nu 35:1-5. L'objet de la seconde zone, le migrash, est expliquée dans Josué 14:4 comme le lieu où les animaux vivent en dehors de la ville. Apparemment, les Pharisiens et les Esséniens avaient compris l'interdiction de quitter sa place comme s'appliquant seulement à aller dans les champs (zone # 3), mais ne pénètraient pas dans l'migrash (zone 2). C'est pourquoi, marchant hors de la ville à la fin de la zone migrash qui était la distance maximale qu'une personne pouvait marcher à l'extérieur de sa ville. Ce fut le voyage du sabbat!
Comment les Pharisiens et les Esséniens en étaient venu à la conclusion qu'il était permis de sortir dans la migrash-zone? Le sens commun! Dans l'ancien Israël, la plomberie intérieure n'avait pas encore été inventé et les gens devaient sortir dans la migrash zone pour se soulager. Le Créateur n'interdisait pas aux gens de marcher pour aller faire leur besoins !
Nu 35:4 définit les migrash appartenant aux Lévites de 1000 coudées. Cela peut difficilement être une coïncidence lorsque les Esséniens dans le Pacte de Damas 10h21 définissaient la limite du voyage le jour du sabbat étant de 1000 coudées en dehors de la ville. Le verset suivant, Nu 35:5, définit les migrash appartenant aux Israélites de 2000 coudées et sans surprise les pharisiens limitent la définition du voyage du sabbat de 2000 coudées en dehors de sa ville. Pour autant que nous le sachions, tous les Juifs à cette époque croyaient au concept du voyage d'un jour du sabbat, qui était une limite maximale qu'une personne pouvant marcher à l'extérieur de sa ville sans entrer dans le champ de la zone interdite, où le travail agricole a eu lieu. Donc, le fait que Yeshoua et les actes mentionnent le voyage ce jour de sabbat prouve tout simplement qu'ils lisaient Exode 16 et Nombres 35, de la même façon que les autres Juifs, et non pas qu'ils étaient des adeptes de la Loi Orale.
Ici, il est important de souligner l'une des principales idées fausses avancées par la Loi orale-Messianique . L'argument est que, parce Ex 16 ne mentionne pas le migrash ou la longueur de limitation le sabbat, il devait y avoir une loi orale pour définir ces choses. C'est un malentendu de la loi orale pharisienne, dont les Pharisiens revendiquent qu'elle aurait été révélée à Moïse sur le mont Sinaï.
D'autre part, ce que les anciens Israélites quand il s'agissait de Ex 16 ont appliqué ce commandement de la Torah à la vie contemporaine. Ex 16 avait parlé du désert et de la manne et ils ont demandé comment cela pourrait s'appliquer à des villes et des champs agricoles. La Torah nous demande d'examiner comment ses commandements s'appliquent aux nouvelles situations et circonstances. Cela doit être fait en recherchant l'Écriture suivant sa langue et son contexte afin d'arriver à des principes clairs derrière les commandements, qui peuvent être appliqués à des situations nouvelles. Toutefois, ce n'est pas une loi orale ! C'est vivre juste par la Torah. Une Loi orale peut faire quelque chose de similaire, mais elle affirme ensuite que les réponses sont devenus obligatoires, car elles ont été révélées à Moïse sur le mont Sinaï ou encore parce que les textes rabbiniques sont fondées sur le Rabbin qui est supposé être ordonné par Dieu. Il est important de distinguer entre l'interprétation et l'application de la Torah et une dépendance à l'homme-autorité et traditions. Celle-ci est «l'enseignement des préceptes qui sont des commandements d'hommes».
Sacrifices durant le shabbat
Un autre argument de la croyance de la Loi orale Messianique est basée sur la déclaration de Yeshoua, dans Matthieu 12:5,
"Ou, n'avez-vous pas lu dans la loi que, les jours de sabbat, les sacrificateurs violent le sabbat dans le temple, sans se rendre coupables?"
L'argument est que nulle part dans la Torah il n'est indiqué que les prêtres sont irréprochables pour travailler dans le Temple, ce n'est dit par la loi orale où il affirme que "le service sacrificiel remplace le sabbat» (Talmud de Babylone, Shabbat 132b).
Par conséquent, Yeshoua fonderait sa déclaration sur la Loi orale.
Le problème avec cet argument est que Yeshoua a dit expressément qu'il fonde sa déclaration sur la Torah écrite! Il ouvre en disant: «N'avez-vous pas lu dans la Torah". À l'époque de Yeshoua, la loi orale était encore récité oralement et ne pouvait donc pas être "lu". Donc, la "loi" la Torah dont Yeshoua fait référence doit être écrite. Alors, où dans la Torah écrite apprenons-nous que les sacrifices peuvent être apportés pour le Shabbat? Il est dit explicitement dans Nombres 28:9-10,
"Le jour du sabbat, vous offrirez deux agneaux d'un an sans défaut, et, pour l'offrande, deux dixièmes de fleur de farine pétrie à l'huile, avec la libation.
C'est l'holocauste du sabbat, pour chaque sabbat, outre l'holocauste perpétuel et la libation."
Non seulement les prêtres sont autorisés à faire des sacrifices durant le shabbat, mais ils sont spécialement commandés pour le faire. Par définition, si YHWH leur ordonna de faire des sacrifices pour le Chabbat, alors ce n'est pas un péché de le faire et donc ils sont sans reproche. C'est le sens ordinaire de ce que dit la Torah écrite.
Bénédictions Avant de manger
Une autre argument apporté par les croyans dans la Loi orale Messianique est que Yeshoua a fait une bénédiction avant de manger, une pratique commandée dans la Torah, mais exigée par la loi orale. Par conséquent, Yeshoua devait avoir accepté la Loi orale. Le passage en question est Matthieu 14:19,
"Il fit asseoir la foule sur l'herbe, prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux vers le ciel, il rendit grâces. Puis, il rompit les pains et les donna aux disciples, qui les distribuèrent à la foule."
La loi orale ne peut guère revendiquer un monopole sur l'idée de la bénédiction du Créateur, lorsque l'on s'asseoit pour un repas en commun. Nous voyons que Melchisédek fait une telle bénédiction quand il se présente à Abraham avec du pain et du vin dans Genèse 14:18-20. Melchisédek, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin: il était sacrificateur du Dieu Très Haut. Il bénit Abram, et dit: Béni soit Abram par le Dieu Très Haut, maître du ciel et de la terre! Béni soit le Dieu Très Haut, qui a livré tes ennemis entre tes mains! Et Abram lui donna la dîme de tout.(1QS 6,3-5). Donc, le fait que Yeshoua a également fait une bénédiction avant de rompre le pain ne prouve pas qu'il était un pharisien, pas plus que la même action prouve que les Esséniens ou Melchisédek étaient des pharisiens.
Guérison le jour du Sabbat
Un autre argument avancé par les croyants dans la Loi orale Messianique est que Yeshoua a confirmé la Loi orale, par l'enseignement selon lequel il est permis de faire une guérison le jour du Sabbat. Ils citent la Mishna, Sabbat 22:5 comme preuve que la Loi orale enseigne qu'il est permis de faire une guérison le jour du sabbat, mais en fait ce passage de la Mishna ne dit rien qui soit lié à la guérison le jour du sabbat. Alors qu'est-ce que les pharisiens croient sur la guérison le jour du sabbat? Le droit moderne rabbinique autorise tout et toute sorte de guérison le jour du sabbat, mais l'ancien droit pharisien avait ses limites sur ce qui est permis et ce qui n'était pas été autorisé le jour du sabbat. Par exemple, la Michna, Sabbat 18:3 déclare qu'il est permis d'aider une femme en couches le jour du sabbat. D'autre part, les lois relatives au traitement des blessures sont plus complexes et ce n'est possible que dans certaines circonstances:
«Si l'on manipule un abcès sur le Sabbat, si, pour faire une ouverture pour lui, il est redevable [ie il a péché]; si, pour tirer l'affaire hors de lui, il est dispensé [du péché]. »(Talmud de Babylone, Shabbat 107a [Soncino])
C'est vraiment incroyable que quelqu'un puisse prétendre que Yeshoua invoquait la Loi orale pour la délivrance de la guérison. En fait, l'inverse est vrai! Tout ce qu'on a à faire est de lire le récit de Luc de voir que les pharisiens étaient les plus opposés à la guérison le jour du Sabbat,
"Les scribes et les pharisiens observaient Jésus, pour voir s'il ferait une guérison le jour du sabbat: c'était afin d'avoir sujet de l'accuser." (Luc 6:7)
Clairement ce que cela veut dire, c'est que les Pharisiens ont voulu rejoindre Yeshoua sur la guérison le jour du sabbat pour qu'ils puissent l'accuser de violer le sabbat. Cela n'a de sens que si les pharisiens de cette période estimaient qu'il était interdit de guérir (ou du moins interdit de guérir à la manière dont Yeshoua avait guéris) le jour du sabbat. Yeshoua de toute évidence, n'était pas d'accord avec les pharisiens, selon Luc 6:8 il a guéri un homme le jour du sabbat, malgré le fait que les Pharisiens étaient en attente pour l'accuser.
Ainsi, cet incident prouverait que Yeshoua était pharisien, obéissant à la Loi orale, en fait, il est un fait très clair qui montre qu'Il s'oppose aux Pharisiens et à leur loi orale !
Le fait que plus tard, le judaïsme rabbinique a changé d'avis et, aujourd'hui, permet toutes les formes de guérison le jour du Sabbat ne peut pas être utilisé comme preuve que Yeshoua était un pharisien!
Soit dit en passant, comme étant une personne qui est tourné vers les commandements du Créateur dans Le Tanach, je me demande pourquoi il serait interdit de faire une guérison le jour du sabbat. Même si une forme particulière de la guérison exige une certaine violation du Sabbat (par exemple, faire un feu), nous avons un commandement de la Torah qui nous demande expressément de ne pas rester les bras croisés pendant que quelqu'un est en danger de mort (Lévitique 19:16) . Ainsi, la guérison le jour du sabbat n'est pas seulement autorisée, elle est une obligation en tout temps par la Torah.
Impureté des morts
Un autre argument des croyants de la Loi orale Messianique est que Yeshoua s'appuyait sur la Loi orale dans Luc 11:44. Selon cet argument Yeshoua rejoindrait l'idée des pharisiens sur le tombeau qui provoque l'impureté. Cette doctrine de la loi orale renvoie à l'idée que si un objet touche une tombe ou des morts toute personne ou organisme relevant de cet objet devient rituellement impur. Par exemple, si une branche d'arbre tombe sur une tombe, une personne qui touche cet arbre devient rituellement impur par les morts. Cet argument s'appuirait sur le fait que ceci n'était pas commandé dans la Torah, Yeshoua doit avoir prit ce principe de la loi orale.
Il ya quelques problèmes avec ce raisonnement. Tout d'abord, on pourrait faire valoir que cette idée est en fait dérivé de la Torah. Dans Nu 19:14 il est dit que si une personne décède dans une tente, quiconque pénètre dans cette tente devient impur de cette mort. La Mishna Tractate consacré à «éclipser» est appelée ohalot qui signifie «tentes» en hébreu pour «éclipser» est ohalot Toumat qui signifie littéralement «l'impureté de tentes"! Il ne peut donc y avoir aucun doute que la Loi orale est dérivée du concept d'occulter
de Nu 19:14 selon lequel on devient impur en se plaçant sous la même tente qu'une personne morte, puis debout en vertu d'une couverture (par exemple un arbre) qui a également touchée une personne décédée transmet également l'impureté. Donc, même si Yeshoua se réfère à l'assombrissement dans Luc 11:44, cela ne prouve pas qu'il a adhéré à la Loi orale, seulement qu'il a interprété Nu 19:14 d'une manière particulière. Mais cela nous amène au second problème avec toute cette ligne de raisonnement, à savoir que Yeshoua ne dit rien du tout concernant "éclipsant" dans Luc 11:44! Voici ce qu'il dit en réalité:
«Malheur à vous! parce que vous êtes comme les sépulcres qui ne paraissent pas, et sur lesquels on marche sans le savoir."
Citer ce verset comme preuve que Yeshoua croyait à la Loi orale et a confirmé l'autorité des Pharisiens est une perversion de la raison! Mais mettant ce point de côté, ce verset ne fait aucune mention d'«éclipser». Ce dont Il parle est le fait de devenir rituellement impur en touchant une fosse d'entre les morts ce qui est stipulé explicitement dans la Torah:
«Quiconque touchera, dans les champs, un homme tué par l'épée, ou un mort, ou des ossements humains, ou un sépulcre, sera impur pendant sept jours." (Nu 19:16)
Yeshoua a parlé clairement, en touchant une tombe, mais pas de "éclipsant".
Yeshoua se réfère à une personne qui marche sur une tombe sans nom, le touchant avec ses pieds, et en devenant ainsi impurs des morts. Les pharisiens, selon Yeshoua, sont comme des tombes anonymes; les gens deviennent souillées en entrant en contact avec eux, sans même réaliser ce qui se passe. En termes modernes, Yeshoua veut dire que les pharisiens sont comme les mines terrestres cachées. Une personne marche dans un pâturage de verdure agréable pensent qu'il est beau et paisible, puis se fait sauter par ce qui se cache dessous.
Audition de l'accusé
L'un des arguments les plus faibles de la croyance dans la Loi Orale-Messianique est fondée sur Jean 7:51:
"Notre loi condamne-t-elle un homme avant qu'on l'entende et qu'on sache ce qu'il a fait?" (Jean 7:51)
L'argument est que le droit de l'accusé à prendre la parole vient de la Loi orale, et non la Torah écrite (mais voir Exode 22:10-11; Dt 19:17-18). Cet argument ne tient pas dès le départ parce que les mots, dans Jean 7:51 sont celles de Nicodème qui on nous dit explicitement être un pharisien, dans Jean 3:1 et dans le contexte il parle à un groupe de Pharisiens. Donc, dire que Jean 7:51 est la preuve du droit par voie orale est un argument circulaire. La preuve de la Loi orale est-elle de dire qu'un pharisien qui croit à la Loi orale cite la Loi orale en parlant à d'autres Pharisiens?!
Le lavage des mains
Un autre argument de la faiblesse de la croyance dans la Loi orale Messianique est que bien que Yeshoua a averti ses disciples de ne pas suivre la promulgation pharisienne de se laver les mains avant de manger (Mat 15), ils ont néanmoins fait cela. La preuve est que les disciples de Yeshoua, se lavaient les mains avant les repas est Jacques 4:8,
"Approchez-vous de Dieu, et il s'approchera de vous. Nettoyez vos mains, pécheurs; purifiez vos coeurs, hommes irrésolus."
L'argument est que, même si Jacques utilise une métaphore, dans ce verset, la métaphore n'aurait de sens que si les disciples participait régulièrement au rituel de se laver les mains. Une personne avec qui j'ai abordé cette question me faisait remarquer en plaisantant que basé sur la même logique, Ponce Pilate devait avoir aussi pratiqué le rituel pharisien de se laver les mains, parce que dans Matthieu 27:24, il se lava symboliquement les mains devant la foule pour leur montrer qu'il n'était pas coupable . Ce que cela prouve en réalité, c'est que même un romain païen, qui ne connaît pas la Torah, orale ou écrite, sait que le lavage des mains représente l'innocence et la pureté de l'action. C'est une autre métaphore, le sens commun fondé sur l'expérience humaine. Même le roi païen Philistin Abimélec a utilisé cette métaphore dans Genèse 20:5 pour exprimer son innocence. La question clé ici est "Se laver les mains quand elles sont physiquement sale est-elle une action universelle de l'homme fait dans toutes les cultures du monde." Ceci est cependant complètement différent de la toilette rituelle des mains faite par les pharisien qui découle de la notion d'impureté. Les Pharisiens primitifs croyaient que si une personne touchait la nourriture avec des mains impures, la nourriture deviendrait rituellement impures et donc impropre à la consommation. Il s'agit d'une doctrine sans aucun fondement dans la Torah écrite, et c'est pourquoi Yeshoua s'y est opposé, dans Matthieu 15.
(...)
traduction de la source originale en Anglais
http://www.hebrewyeshua.com/was_yeshua_a_pharisee.html
Même si les Karaites ont profondemment tord en rejettant La Messianité et la Divinité de Yéshoua (Jésus) ils peuvent aussi dire des vérités comme par exemple lorsqu'ils rejettent le talmud, tout cela pour dire aussi que le Judaïsme n'est pas monolithique comme voudrait nous le faire croire certains courants religieux.
Voici quelques vidéos de Néhémia Gordon (en Anglais) qui sont à prendre pour ce qu'elles sont, c'est à dire pour apprendre un peu plus sur La Judaïté historique de Yeshoua (Jésus) et sur le pharisianisme de l'époque et la doctrine des Saduccéens qui n'est pas à prendre comme Entière Vérité Spirituelle
Matthieu 23:3
Yéshoua a dit : Faites donc et observez tout ce qu`ils vous disent; mais n`agissez pas selon leurs oeuvres. Car ils disent, et ne font pas.
Nous pouvons aussi voir le conflit entre les Saduccéens (Karaites) et Ultra-Orthodoxes (Pharisiens) dans ce passage où Paul va faire remonter à la surface leur dissention :
Actes 23:6-9
Paul, sachant qu'une partie de l'assemblée était composée de sadducéens et l'autre de pharisiens, s'écria dans le sanhédrin: Hommes frères, je suis pharisien, fils de pharisien; c'est à cause de l'espérance et de la résurrection des morts que je suis mis en jugement.
Quand il eut dit cela, il s'éleva une discussion entre les pharisiens et les sadducéens, et l'assemblée se divisa.
Car les sadducéens disent qu'il n'y a point de résurrection, et qu'il n'existe ni ange ni esprit, tandis que les pharisiens affirment les deux choses.
Il y eut une grande clameur, et quelques scribes du parti des pharisiens, s'étant levés, engagèrent un vif débat, et dirent: Nous ne trouvons aucun mal en cet homme; peut-être un esprit ou un ange lui a-t-il parlé.
Tout cela pour dire également qu'il peut y avoir des vérités évoquées par les Orthodoxes et par les Karaites sans pour autant qu'ils aient La Vérité Essentielle qui Est Celle du Sauveur et Messie Yéshoua (Jésus) !
Yéshoua a dit au sujet des scribes et des pharisiens ceci :
Matthieu 5:20
Car, je vous le dis, si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n`entrerez point dans le royaume des cieux.
Et lorsque Néhémiah Gordon dit :
J'aime beaucoup !Sur ma tournée de conférences il y avait beaucoup de gens qui venaient vers moi et proclamaient que mon livre avait «renforcé leur foi en Yeshoua".
Car cela montre que Dieu se sert des gens même à leur insu pour amener des gens à Lui Yéshoua (Jésus).
Notre Dieu Est Formidable !
Shabbat Shalom
Ruth Administratrice- Admin
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Date d'inscription : 22/10/2007
Jeshua est le Messie d'Israël.
Tout ceci ne fait que ramener plus fortement Jésus à son identité juive et son adhésion au judaïsme. Mais, en conséquence, cela le rend d’autant plus banal pour le judaïsme. C’est pour cela que nous trouvons si peu de références à Jésus dans le Talmud. Sa figure n’est traitée que de manière anecdotique sans susciter débat théologique, qui n’aurait pas lieux d’être, d’ailleurs, puisque Jésus reste dans l’orthodoxie de l’époque.
Ce qui fera débat, bien plus tard après même l’époque talmudique, c’est la confrontation entre christianisme et judaïsme, lorsqu’au moyen âge, en réponse aux nombreuses attaques chrétienne contre le Talmud, apparaitra un texte qui sera par la suite condamné par les rabbins et mis complètement à l’index ( Toledoth Yéshou - Histoire de Jésus - qui est une invention dénigrant les origines de Jésus et sans aucune valeur historique ni base talmudique). Hélas, comme souvent, le monde chrétien - à travers des juifs convertis - en aura connaissance et cela accentuera les accusations accablantes envers les juifs, de haine contre Jésus.
Le judaïsme rabbinique et le christianisme tirent tous les deux leurs origines de la culture et de la religion d’Israël d’avant la destruction en 70 après Jésus.
Du point de vue historique, il n’y a rien de plus juif que de suivre Jésus. Il faut réfuter le traditionnel préjugé qui consiste à affirmer que la foi en Jésus ne sert qu’à écarter un Juif de son peuple.
Or sur ce point, Bernard met l’accent sur un écueil de taille.
La mise en valeur du contexte juif du NT contribue souvent à un dialogue sans témoignage, soutenu par un exposé réducteur quant à la personne de Jésus.
Tout en affirmant que Jésus était un prophète hors du commun, un détracteur d’un judaïsme devenu ritualiste et légaliste, ce discours met en doute l’affirmation que ce même Jésus est bien le Messie promis, Dieu devenu homme.
Cette affirmation serait née après le jour de la Pentecôte, quand ses disciples ont commencé à « réinterpréter » sa vie et ses paroles à la lumière de leur « expérience ».
Il est à noter que la résurrection est considérée comme une « expérience de foi ». Pinchas Lapide, un auteur juif très écouté dans les milieux chrétiens, a suscité beaucoup d’émoi avec sa thèse de Jésus « ressuscité », la résurrection étant « une expérience tout à fait juive », quoique cela ne fasse pas de lui le Messie. « Les Juifs attendent encore et toujours la venue du Messie ; les chrétiens attendent en revanche le retour de Jésus. Il n’est pas impossible que les deux soient le même. Nous verrons bien » (Pinchas Lapide, Auferstehung ‘Résurrection’, Calwer, München 1977)
Objectivement parlant, cette vision ne relève pas de l’étude de la vie du « Jésus historique » mais de celle de la théologie de l’église primitive.
De tels propos semblent sympathiques et beaucoup de chrétiens s’en sont réjouis, mais le ver est déjà dans le fruit.
C'est-à-dire déclarer que nous devons laisser la question de la messianité de Jésus en suspens, et qu’il n’y a donc pas lieu de la proclamer déjà maintenant. Entendez par là qu’il n’est pas question d’aller « évangéliser » un Juif !
Un Jésus réduit à l’échelle humaine d’un sage qui a prôné une éthique de très haut niveau et qui s’est sacrifié en martyre pour le règne de Dieu, ne dérange personne. Les Juifs peuvent le réclamer sans avoir à accepter sa messianité, et les chrétiens sont déchargés du mandat de le faire connaître comme le Messie d’Israël.
Pour ne pas tomber dans ce piège, Chrétiens et Juifs ont besoin d’entendre la voix des « messianiques ».
Ce sont eux qui toujours ont mis en avant le contexte juif du NT, afin de démonter à quel point Jésus est véritablement l’accomplissement de la Torah et en quoi il est vraiment l’espérance d’Israël.
Cécile.
Cécile- Messages : 24
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Re: Le talmud loi orale ou La Torah Loi Ecrite ?
Shalom,
Qu' est-ce que le Messie?
1La question ainsi posée a de quoi surprendre. Dans l’esprit de beaucoup, qu’ils soient juifs ou pas, le messianisme est partie intégrante du judaïsme, il lui est co-existentiel. Nombre de formules liturgiques – que ce soit dans le qadish, la havdala, les grâces après le repas – mentionnent l’attente messianique. Il est devenu banal de dire que les juifs attendent celui qui pour les chrétiens est déjà venu et doit revenir lors de la parousie. Et si l’on demande depuis quand le Messie est attendu, la réponse risque d’être « depuis toujours » ou « depuis les prophètes ». Le point de vue de l’historien des religions qui s’appuie sur les textes n’est pas, comme nous le verrons, au diapason de l’opinion courante, dès qu’il s’efforce de préciser une notion généralement vague. Ainsi que l’exprime Emmanuel Lévinas : « Cette notion est complexe et difficile. Seule l’opinion populaire la conçoit avec simplicité .»
2 Éléments de messianisme.
2Si l’on définit le Messie comme le Sauveur d’Israël en particulier, et de l’humanité en général, on lui attribue un rôle qui est ni plus ni moins celui de Dieu. « À l’origine le judaïsme n’est pas messianique : seul Dieu sauve » constate Zvi Werblowsky. Toute la Bible hébraïque le démontre : c’est Dieu qui guérit, qui délivre, qui pardonne, qui ramène les exilés et, pour cela, il n’est guère besoin d’intermédiaire entre lui et les hommes. Le salut de l’âme post mortem n’est pas explicitement mentionné dans les textes et, quand bien même il le serait, il dépendrait encore de Dieu et de Lui seul. Comment donc a-t-on pu faire reposer l’idée messianique sur la Bible ?
I. Mashiah « oint » dans la Bible hébraïque
Lors d’une conférence interconfessionnelle, qui a donné lieu à un important ouvrage visant à clarifier la notion de messianisme, la première conclusion atteinte fut : The Messiah is not in the Old Testament.
J.H. Charlesworth (ed.), The Messiah, Princeton, 1992.
Pour s’en assurer, il suffit de se référer à une concordance biblique. On y trouve trente-neuf attestations du mot mashiah. Les plus nombreuses désignent le roi. On ne s’étonnera pas qu’elles se rencontrent essentiellement dans le livre de Samuel (quinze occurrences), où l’onction dispensée par le prophète successivement à Saül, puis à David, a toute son importance puisqu’il s’agit de la consécration des premiers rois. Pour le second Isaïe (45.12), l’ « oint » est un souverain étranger, le conquérant perse Cyrus, qui permet aux exilés de Juda de rentrer à Jérusalem.
Dans le Lévitique (4.3, 5, 16 et 6.15), il n’y a qu’un mashiah, c’est le grand prêtre (hacohen hamashiah). L’onction est une marque d’élection. C’est ainsi que mashiah peut être appliqué au peuple d’Israël (Habacuc 3.13 ; Psaumes 28.8).
C’est sans doute dans les Psaumes que l’espérance en l’ « oint » de la descendance de David est la plus pressante (Ps. 2.2 ; 18.51 ; 20.7 ; 105.15). Il s’agit dans tous les cas d’un roi très humain, sans aucune dimension eschatologique.
Ibid. article de J.J.M. Roberts.
Le constat est indubitable : In the original context not one of the 39 occurrences of mashiah in the Hebrew canon refers to an expected figure of the future whose coming will coincide with the inauguration of an era of salvation.
II. Le « messianisme » biblique
N’y a-t-il donc pas de messianisme dans la Bible ? N’est-ce pas l’ère messianique qu’annonce Isaïe en prophétisant que « des peuples nombreux » monteront à la montagne du Seigneur (Is. 2.3), « qu’une nation ne lèvera plus l’épée contre une autre » (Is. 2.4), et que « le loup séjournera avec l’agneau » (Is. 11.6) ? Tel est effectivement le tableau que nous nous faisons, grâce à lui, de ce que nous appelons l’ « ère messianique ». Mais où est le Messie dans ce texte ? Il est clair que dans ce cas « messianique » est confondu avec eschatologique, car Isaïe aurait eu une vision heureuse de la fin des temps. Or, beaucoup de traducteurs rendent beaharit hayamim simplement par « dans la suite des temps ». Isaïe a une conception dynamique de l’histoire : après un temps d’épreuves, le pardon divin ramènera le bonheur sur une terre purifiée. Nous avons tendance à appeler « messianique » toute espérance en un futur idéal, toute vision de paix universelle, et c’est ainsi qu’on en vient à parler de « messianisme sans Messie ».
Il est vrai, cependant, que nombre de textes bibliques évoquent un personnage, parfois présenté métaphoriquement, en qui se concentre l’espérance des hommes. C’est ce qui vaut à ces passages la réputation de textes « messianiques ». Or, aucun d’eux ne comporte le mot « messie », ni la bénédiction de Jacob (Genèse 49.10 : « Le sceptre ne sera pas ôté de Jacob jusqu’à ce que vienne Shilo, à qui est due l’obéissance des peuples ») ni l’oracle de Balaam (Nombres 24.17 : « Un astre est issu de Jacob et un sceptre a surgi d’Israël »), ni les prophéties de Jérémie (23.5) et de Zacharie (6.12) qui promettent la venue d’un « germe juste » ou d’ « un homme qui a pour nom Germe » (semah). Tels sont pourtant les versets messianiques les plus fréquemment cités par l’exégèse juive. Le surnom de Bar Kokhba « fils de l’étoile » donné au chef charismatique de la seconde révolte contre Rome (132-135) prouve de lui-même que ce héros était identifié par certains à « l’astre issu de Jacob » compris comme une métaphore désignant un sauveur. Quant au mystérieux Shilo et au « germe », ils étaient interprétés comme des noms du messie à venir.
L’exégèse chrétienne a, bien entendu, hérité de ces interprétations. Pour des raisons évidentes, elle a souvent préféré s’appuyer sur les versets bibliques où revenait le mot « fils », tels Isaïe 7.14 où la traduction de l’hébreu ‘alma par parthenos dans la Septante fonde la naissance virginale de Jésus : « La jeune femme (ou parthenos, la vierge) enfantera un fils, tu l’appelleras Emmanuel ». « Emmanuel » apparaît ainsi dans la tradition chrétienne comme un nom du Messie. Cette « prophétie de l’Emmanuel » était déjà au cœur du débat entre chrétiens et juifs au début du iie siècle, comme l’atteste le Dialogue avec Tryphon de Justin Martyr ; l’on y voit que la lecture juive de ce passage était purement historique : le fils annoncé n’est autre qu’Ezéchias, fils du roi Achaz, selon Tryphon.
Il en va de même pour l’autre passage d’Isaïe évoquant l’enfant destiné à sauver le trône de David qui est au centre de l’exégèse messianique chrétienne : « Un fils nous a été donné, le principat repose sur ses épaules ; on proclame son nom : conseiller merveilleux ! héros divin père à jamais ! prince de paix » (Isaïe 9.5). La tradition chrétienne considère en outre comme messianique le Psaume 2 où on a vu que le mot Messie intervient (les rois se dressent contre Dieu et son Messie) au v. 2, aussitôt suivi de : « Il m’a dit : Tu es mon fils, c’est moi qui t’ai engendré aujourd’hui » . Ce fils est aussi un roi (« C’est moi qui ai sacré mon roi sur Sion, ma montagne sainte », v. 6). C’est ce personnage que l’exégèse chrétienne reconnaît dans le Psaume 110, assis à la droite du Seigneur, et à qui il est dit : « Tu es prêtre à jamais à la manière de Melchisedeq ». Il est aussi le roi de Zacharie 9.9 « juste et victorieux, humble et monté sur un âne » que l’entrée de Jésus à Jérusalem au jour des Rameaux a confirmé dans sa dimension messianique selon Matthieu 21.5.
Il est donc clair que juifs et chrétiens lisent les textes sacrés avec tout le poids de leurs exégèses respectives, accumulées au cours des siècles.
Vie de Jésus, 13e édition, Paris, 1860, p. 15.
À la liste précédente la christologie a ajouté le chapitre 53 d’Isaïe car c’était le Christ mort sur la croix qu’elle reconnaissait dans « le serviteur souffrant ». Enfin, le livre de Daniel devait lui fournir un autre titre important associé au Christ, celui de « Fils d’homme ». Dans la vision du chapitre VII, quatre grands empires qui ont dominé le monde sont représentés sous forme de bêtes, la dernière étant la plus effrayante de toutes. Ces bêtes passent en jugement devant l’Ancien des Jours (vision anthropomorphique de Dieu) assisté d’un personnage à visage humain « comme un fils d’homme » auquel sont promises « la puissance et la gloire ». Le contexte historique de la vision de Daniel, tel qu’il a été reconstitué par les historiens, est celui de la révolte des Juifs contre la Syrie séleucide d’Antiochus IV Epiphane : la quatrième bête représente la Syrie, et le personnage d’apparence humaine a une identité collective : il s’agit de la nation des « Saints du Très Haut » (v.18, 22, 27) ; autrement dit, Israël alors en lutte qui attend son salut de Dieu. Le temps passant, le mystérieux « Fils d’homme » devint une figure individuelle salvatrice. Le livre de Daniel, né en pleine crise politico-religieuse à l’époque des Maccabées, et plus tard inclus dans le canon biblique, exerça bientôt en Judée un impact profond et durable. Renan l’évalue à sa juste mesure quand il écrit : « L’auteur inconnu du livre de Daniel eut une influence décisive sur l’événement religieux qui allait transformer le monde. Il créa la mise en scène et les termes techniques du nouveau messianisme.»
III. Les débuts de l’attente messianique
Elie
Un texte aussi peu « messianique » que le livre I des Maccabées, vraisemblablement rédigé (en hébreu à l’origine) un peu avant l’an -100 nous montre que, vers cette époque, les Juifs de Judée vivaient dans l’attente. Lors de la purification du Temple reconquis sur les Séleucides (-164), Juda Maccabée aurait déposé les anciennes pierres de l’autel « en attendant que vînt un prophète qui donnerait une réponse à leur sujet » (I Mac. 4.46). Une vingtaine d’années plus tard, les Judéens donnèrent le pouvoir à son frère Simon et à ses descendants « jusqu’au moment où se lèverait un prophète digne de foi » (I Mac. 14.41). Qui était donc le prophète attendu ? Sans doute un nouvel Elie, un Elie redivivus. On devait espérer la réalisation de la prophétie de Malachie :
Voici que moi je vous envoie le prophète Elie avant que ne vienne le Jour du Seigneur, jour grand et redoutable. Il ramènera le cœur des pères vers les fils et le cœur des fils vers les pères.
Cette attente est bien perceptible au ier siècle et dans le Nouveau Testament. Lorsqu’apparaissait une figure charismatique, on lui demandait : « Es-tu Elie ? »
L’Élu de justice (I Hénoch)
Entre temps, l’idée avait surgi que le prophète Elie serait l’annonciateur d’un autre personnage qui présiderait au « Jour du Seigneur », compris comme Jugement dernier. La figure daniélique du Fils de l’homme, investi par l’Ancien des Jours lors du jugement des empires, avait été recueillie par une apocalypse, le livre d’Hénoch. Cet ouvrage, écrit en araméen, est sans doute composite : on peut penser que sa rédaction s’est étalée sur les deux siècles précédant l’ère chrétienne et a subi aussi quelques influences ultérieures. Sous sa forme la plus complète, il nous est parvenu en ghez, car il est devenu un livre sacré dans l’Église éthiopienne. Dans la section la plus récente, connue sous le nom de « Parabole d’Hénoch », le héros voit apparaître un personnage aux côtés d’un vieillard qui est une représentation anthropomorphique de Dieu. Hénoch interroge alors un ange : « Qu’est-il ? D’où vient-il ? Pourquoi accompagne-t-il le Principe des Jours ? », et il lui est répondu :
C’est la seule partie dont il n’y ait pas de trace dans les fragments araméens d’Hénoch (...)
C’est le Fils d’homme auquel appartient la justice […]
Car c’est lui que le Seigneur des Esprits a élu.
(I Hénoch 46, 2-6)
Ce Fils d’homme n’est désormais plus une figure collective mais une figure individuelle préexistante au monde et gardée en réserve pour la fin des temps :
Avant que soient créés le soleil et les signes,
Avant que les astres du ciel soient faits.
Son nom a été prononcé devant le Seigneur des Esprits.
Il sera un bâton pour les justes […]
Il sera la lumière des nations […]
C’est pour cela qu’il est devenu l’Élu et celui qui a été caché par devant Lui, dès avant la création du monde et jusqu’à l’avènement du siècle.
(I Hénoch 48, 3-6)
Le Fils d’homme appelé aussi « L’Élu » ou « Le Juste » joue un rôle essentiel auprès de Dieu dans le Jugement dernier. C’est une figure quasi divine, un être angélique d’aspect humain, qui occupe un siège au ciel devant « le Principe des jours ». À deux reprises, il est également appelé « Messie » et c’est à lui qu’est promis l’empire universel.
Le roi Messie, fils de David
Le titre le plus fréquemment donné au Messie dans la tradition juive jusqu’à nos jours est sans nul doute celui de « fils de David ». Par là s’exprime clairement l’attente d’un roi issu de la dynastie davidique, destiné à recevoir l’onction qui le consacre et fait de lui un « oint » (mashiah) comme son ancêtre David.
Mais où était donc la dynastie davidique dont le prophète Nathan avait jadis promis la pérennité ? (« Ta maison et la royauté dureront à jamais devant moi, ton trône sera stable à jamais », II Samuel 7.16). Certes, des rois s’étaient installés sur le trône de Judée avec la dynastie hasmonéenne mais ils n’appartenaient même pas à la seule tribu royale, celle de Juda, c’étaient donc des usurpateurs ; en outre, ils cumulaient, à l’encontre de toutes les règles bibliques, les fonctions royale et sacerdotale. Une opposition ouverte s’était manifestée déjà sous Jean Hyrcan et accentuée sous le règne d’Alexandre Jannée qui avait impitoyablement châtié ses ennemis politiques, les Pharisiens. L’intervention romaine avait mis fin à la dynastie hasmonéenne, mais avait amené pire encore : le roi des Juifs était désormais Hérode, fils de l’Iduméen Antipater, plus soucieux de servir les intérêts de Rome par la grâce de laquelle il régnait, que ceux de son peuple ; à mesure que le temps passait il se révélait de plus en plus cruel et tyrannique. C’est dans un tel contexte politique, probablement sous le règne d’Hérode (-40-4), que dut être rédigé le Psaume XVII des Psaumes dits « de Salomon » auquel on accole souvent le qualificatif de « messianique ». Les références à l’histoire récente sont fort claires.
Aux usurpateurs hasmonéens a succédé un roi étranger qui a éliminé tous les représentants de la lignée rivale.
Ce que tu ne leur avais pas promis, ils s’en sont emparés de force.
Il n’ont pas rendu gloire à ton nom vénérable.
Leur orgueil les a poussés à fonder une royauté :
Ils ont dépouillé le trône de David, impudents imposteurs !
Mais toi, ô Dieu, tu les as renversés,
tu as ôté de la terre leur descendance,
en suscitant contre eux un étranger à notre race.
Selon leurs péchés tu les as rétribués, ô Dieu,
et leur sort fut celui qu’ils avaient mérité.
Dieu ne leur a pas fait grâce. Il a recherché leurs descendants,
et n’en a pas laissé échapper un seul.
Alors le Psalmiste s’écrie : « Suscite-leur leur roi fils de David » (Ps. Sal. XVII, 21).
C’est à partir de ce moment que l’on se met à rêver d’un authentique descendant de David, juste et bon comme le conseiller merveilleux d’Isaïe XI, humble comme le roi monté sur un âne de Zacharie IX. Et puisque aucun descendant de David n’est en vue, on se dit qu’il est sans doute caché. À la mort d’Hérode le brusque surgissement de prétendants au trône d’extraction populaire – l’ancien esclave Simon, le berger Ahtronges – peut être interprété comme l’effet d’une telle attente.
Le roi espéré est tout naturellement appelé « Messie » dans les Psaumes XVII et XVIII de Salomon, car il est destiné à recevoir l’onction sur le modèle de celle de David, une onction que n’avaient reçue ni les Hasmonéens ni Hérode. Il lui incombera de réaliser les prophéties d’Isaïe :
Sa force réside dans son espoir en Dieu.
Il fera grâce à toutes nations qui se tiennent devant Lui dans la crainte, car il frappera la terre de la parole de sa bouche à jamais.
Il bénira le peuple du Seigneur de sagesse et de joie.
(Ps. Sal. XVII, 34-35)
L’« oint » sauveur est avant tout un roi juste et sage, mais il est protégé par l’ « Esprit saint » (Ps. Sal. XVII, 37). Il commence ainsi à prendre une dimension quelque peu surnaturelle suivant l’interprétation d’Isaïe XI, 4 (« il frappera la terre de la parole ») qui dans l’Apocalypse de Jean deviendra une épée aiguë sortant de la bouche « du Fils d’homme ».
On voit donc que l’idée messianique s’est fait jour, comme l’exprime G. Scholem, « non pas comme la révélation abstraite de l’histoire de la rédemption, mais sous l’influence de circonstances historiques très déterminées ». Ainsi se créé « la brûlante atmosphère » si bien ressentie par Renan « mélange confus de claires vues et de songes », « alternatives de déceptions et d’espérances », « aspirations sans cesse refoulées par une odieuse réalité ».
IV. L’attente du Royaume
L’« incubation », l’attente de quelque chose d’inconnu fut sans doute différente suivant les divers courants entre lesquels étaient divisés les Juifs de Judée en ce temps-là. Contrairement à l’idée reçue, les Esséniens ne me semblent pas avoir été les plus « messianiques » au sens qu’a pris ce terme. Selon les documents découverts à Qumran et qui leur sont attribués, ils attendent deux « oints », l’un royal, l’autre sacerdotal, autrement dit ils espèrent le rétablissement de l’ordre ancien bouleversé depuis l’exil de Babylone et dont l’époque davidique semblait donner le tableau le plus flatteur. On peut donc les voir comme des ultra-conservateurs, nostalgiques d’un passé lointain. Ce qu’ils attendent, désormais, c’est le retour de cet ordre idéal, mais tous ne méritent pas de le voir. Seule une élite, celle des « fils de lumière » vainqueur des « fils des ténèbres » au terme d’un ultime combat, accèdera à ce royaume régi par les lois divines, au royaume de Dieu.
Parallèlement, au début du ier siècle, en l’an 6, se constitue un groupe d’exaltés que l’historien Flavius Josèphe évite de nommer du nom qu’ils se donnent et qu’il préfère appeler, par référence aux trois autres courants préexistants en Judée (Sadducéens, Pharisiens, Esséniens), « la quatrième philosophie ».
Il nous renseigne fort peu sur la doctrine de ses sectateurs car il s’attache surtout à souligner leurs sentiments anti-romains et leur responsabilité dans la grande révolte de 66. Il nous livre néanmoins une indication précieuse : « Ils jugent que Dieu est le seul chef et le seul maître » (Antiquités XVIII, 23). Pour que Dieu soit seul maître, il faut que Dieu règne seul à l’exclusion de tout pouvoir temporel. Les fondateurs de cette « philosophie » ne veulent donc vraisemblablement pas plus d’un roi juif (fût-il de la lignée davidique) que de l’emprise étrangère. Leur idéal n’est pas celui d’une simple indépendance nationale.
La caste sacerdotale décadente ne constitue certainement pas un pouvoir spirituel à leurs yeux. Né dans le milieu pharisien, ce mouvement, qui a influencé les sicaires et les zélotes, comporte une dimension mystique : il attend l’instauration du règne de Dieu. Pour cela ils semblent ne compter que sur leurs troupes, celles des soldats de Dieu, prêts à livrer le combat final contre Rome qui hâtera la venue du Royaume. Certains historiens ont tenté de donner une dimension messianique à tel ou tel chef de ce courant, Menahem par exemple, mais nous n’en avons aucune preuve. Il était fort possible d’espérer instaurer l’avènement du Royaume par une action collective sans attribuer de rôle particulier à un « oint ».
L’attente eschatologique n’est pas nécessairement messianique. La confusion qui règne souvent dans les esprits à ce sujet tient à ce qu’on établit trop souvent une équivalence entre les deux termes. Or, il a existé une eschatologie sans Messie. En revanche, il est vrai, on ne saurait concevoir un Messie sans espérance eschatologique.
V. L’attente du Messie au Ier siècle
Certains dans le peuple préféraient pourtant donner un visage au personnage providentiel qui, en ces temps de crise, apporterait le Salut. S’il faut encore citer Renan : « le Juif de cette époque était aussi peu théologien que possible. Les croyances […] étaient des croyances libres, des méditations auxquelles chacun se livrait selon la tournure de son esprit, mais dont une foule de gens n’avait pas entendu parler ».
Ceux qui approchèrent Jésus et furent sensibles à son message ne savaient sans doute quel titre lui donner car ils ne savaient pas eux-mêmes ce qu’ils attendaient : était-il un prophète, était-il Elie ? était-il le fils de David ? Ils ne savaient pas si sa mission était céleste ou terrestre : « Est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d’Israël ? » demandent les apôtres (Actes I, 6). Dans un premier temps, c’est la résurrection qui est l’événement fondateur du christianisme sans que titre ou mission soient vraiment précisés. À la fin du ier siècle, on attend son retour imminent comme le montrent les dernières paroles de l’Apocalypse de Jean : « Oui je viens bientôt » (Apoc. 22.20). Christos, « oint », interprété comme un titre eschatologique et non simplement comme une marque de royauté devient le nouveau titre de Jésus mort et ressuscité.
Entre temps une immense catastrophe s’était abattue sur les Juifs. Ceux de Judée s’étaient imprudemment soulevés contre une puissance romaine alors à son zénith. Leur révolte avait été écrasée, le Temple incendié, Jérusalem détruite. Deux apocalypses juives de la fin du ier siècle, connues sous le nom de II Baruch et IV Esdras, reflètent l’état d’esprit des survivants :
Heureux celui qui n’est point né
ou naquit pour mourir aussitôt
Mais malheur à nous les vivants
qui avons vu les douleurs de Sion
Et le sort de Jérusalem.
(II Bar. 10, 6-5)
Pourquoi suis-je né ? Pourquoi le ventre de ma mère n’a-t-il pas été mon tombeau ? Ainsi je n’aurais pas vu la peine de Jacob et l’épuisement d’Israël.
(IV Esd. II, V, 35)
Où était l’Alliance ? L’élection ? La justice divine ? La vie valait-elle la peine d’être vécue ? À ces questions angoissantes, toutes deux s’efforcent de trouver des réponses qui donnent encore quelque raison de vivre.
Baruch et Esdras reçoivent en retour de leurs interrogations des révélations d’en haut. Le monde approche de sa fin, l’avènement de la rédemption est pour bientôt. Au désespoir répond la promesse, à l’impatience l’assurance que l’attente sera de brève durée, à l’insistance l’idée que le monde doit atteindre son point de maturation. L’histoire est divisée en grandes périodes, la catastrophe récente est elle-même le signe de la fin des temps.
La jeunesse du temps est passée, la vigueur de la création est consumée. Peu de choses manquent encore à l’avènement du temps pour qu’ils soient passés. La cruche est proche du puits, le navire du port. Le tracé de la route s’achève à la ville, et la vie approche de sa fin.
(II Bar. 85, 10)
Il faut avoir atteint le fond du malheur pour mériter la rédemption. C’est alors que surgira le Rédempteur, le Messie. Il apparaît dans les deux textes sous forme de vision symbolique.
En II Baruch 36-37, une immense forêt est submergée par une source, seul subsiste un cèdre altier qui passe en jugement devant une vigne. Le cèdre « survivant de la forêt du mal » représente le dernier chef de Rome qui réunit en elle toutes les formes d’immoralité, il est exécuté par le Messie « semblable à la source et à la vigne ». Ainsi Dieu, à travers son Messie, assurera le salut de la vigne, symbole biblique d’Israël, dont il est resté, malgré les apparences, le fidèle gardien.
Pour représenter Rome, IV Esdras recourt à un tout autre symbole, celui de l’aigle, un aigle monstrueux à trois têtes et six couples d’ailes. Un lion le défie et annonce que la terre sera bientôt libérée de sa domination inique. Ce lion (le lion de Juda) n’est autre que « le Messie que le Très Haut a réservé pour la fin des temps » (IV Esd. V, XII, 32), celui que Dieu appelle « mon fils » (IV Esd. VII, 28). Le Messie joue ici aussi un rôle de juge : le corps de l’aigle condamné brûle de même que le grand cèdre est livré aux flammes. Dans cette fonction il est l’héritier du Fils d’homme de Daniel et de l’Élu de justice d’Hénoch.
Qu’attendait-on du Messie à la fin du ier siècle ? Avant tout qu’il mette un terme au quatrième et dernier empire de l’histoire, Rome, et fasse disparaître ainsi le mal de la terre. Par cet ultime affrontement, il rendrait possible la restauration de Jérusalem.
La ville est l’objet de tous les rêves entretenus par l’éblouissante description de la nouvelle Jérusalem chez Isaïe. II Baruch (VI, 9) promet que Jérusalem « livrée pour un temps » sera rénovée dans la gloire « rendue parfaite pour l’éternité » (XXXII, 4). Mais la Jérusalem nouvelle n’est pas construite de main d’homme, elle vient du monde d’en haut, elle est gardée en réserve auprès de Dieu depuis la Création et n’a été montrée qu’à quelques élus : Adam, Abraham, Moïse (II Bar. IV, 1-7). C’est elle aussi qu’attend IV Esdras : Sion lui apparaît sous l’aspect d’une mère éplorée bientôt remplacée par une cité imposante d’une magnificence surnaturelle, la Cité du Très Haut (X, 50-55).
Ces visions se doublent d’une conception millénariste de la fin de l’Histoire que l’on rencontre également dans l’Apocalypse de Jean, strictement contemporaine des deux autres. Dans cette apocalypse, après le jugement de la grande prostituée (Rome) et l’anéantissement de la Bête, Satan est enfermé pour mille ans, ce qui est la durée du règne du Christ et des saints martyrs (Apoc. 20, 4). De même on lit en IV Esdras (VII, 28) : « Mon fils, le Messie, sera révélé en même temps que ceux qui sont avec lui et ceux qui auront survécu se réjouiront durant quatre cents ans [versions latine, géorgienne et première version arabe] ou mille ans [deuxième version arabe] ». Mais pour IV Esdras le Messie est un être mortel (« Après cela mon fils le Messie mourra avec tous les humains » IV, 29). Son règne n’aura servi qu’à préparer le jour du Jugement et le règne de Dieu dans une éternité incorruptible (VII, 113).
Les idées messianiques de la fin du ier siècle ne sont pas tout à fait celles qui prévalent dans le judaïsme par la suite. En fait, elles n’ont jamais été répertoriées de manière cohérente. La Mishna les a sciemment évitées car l’aventurisme messianique de Bar Kokhba avait été responsable de nouveaux malheurs. Le Talmud et le Midrash n’offrent que des conceptions éparses et fragmentaires. Nulle part on ne trouve de programme (de « checklist » comme dit Charlesworth) de ce que doit accomplir le Messie. Comme le note E. Urbach, la diversité des opinions dépasse les normes habituelles de la controverse, elle ne se limite pas à des conceptions de détail, mais affecte des notions fondamentales, impliquant chez l’un la complète négation de la doctrine de l’autre. Cela n’a pas empêché l’espérance messianique de croître et d’occuper une place de plus en plus importante dans la liturgie ou les spéculations du Moyen Âge jusqu’aux temps modernes.
L’attente messianique a eu un rôle important dans l’histoire des Juifs et l’a encore pour certains. Elle a apporté consolation en des temps de détresse et a pu aussi mobiliser des forces dans des aventures destinées à changer le cours des choses. Le point commun à toutes les formes qu’a pu prendre le messianisme est l’espérance. Or, ainsi que l’observe Gershom Scholem « il y a dans l’espérance quelque chose de grand et en même temps de profondément irréel. Vivre dans l’espérance, c’est pour l’individu se trouver sans pouvoir, ne pouvoir jamais s’accomplir parce que l’échec réduit à néant précisément ce qui constitue sa plus haute dignité ». Mis à part une petite frange mystique, le judaïsme est-il encore messianique ? Sans doute l’espérance est-elle toujours une de ses vertus profondes, mais elle n’attend pas nécessairement le salut d’un autre, fût-il l’instrument de Dieu.
Bernard
Qu' est-ce que le Messie?
1La question ainsi posée a de quoi surprendre. Dans l’esprit de beaucoup, qu’ils soient juifs ou pas, le messianisme est partie intégrante du judaïsme, il lui est co-existentiel. Nombre de formules liturgiques – que ce soit dans le qadish, la havdala, les grâces après le repas – mentionnent l’attente messianique. Il est devenu banal de dire que les juifs attendent celui qui pour les chrétiens est déjà venu et doit revenir lors de la parousie. Et si l’on demande depuis quand le Messie est attendu, la réponse risque d’être « depuis toujours » ou « depuis les prophètes ». Le point de vue de l’historien des religions qui s’appuie sur les textes n’est pas, comme nous le verrons, au diapason de l’opinion courante, dès qu’il s’efforce de préciser une notion généralement vague. Ainsi que l’exprime Emmanuel Lévinas : « Cette notion est complexe et difficile. Seule l’opinion populaire la conçoit avec simplicité .»
2 Éléments de messianisme.
2Si l’on définit le Messie comme le Sauveur d’Israël en particulier, et de l’humanité en général, on lui attribue un rôle qui est ni plus ni moins celui de Dieu. « À l’origine le judaïsme n’est pas messianique : seul Dieu sauve » constate Zvi Werblowsky. Toute la Bible hébraïque le démontre : c’est Dieu qui guérit, qui délivre, qui pardonne, qui ramène les exilés et, pour cela, il n’est guère besoin d’intermédiaire entre lui et les hommes. Le salut de l’âme post mortem n’est pas explicitement mentionné dans les textes et, quand bien même il le serait, il dépendrait encore de Dieu et de Lui seul. Comment donc a-t-on pu faire reposer l’idée messianique sur la Bible ?
I. Mashiah « oint » dans la Bible hébraïque
Lors d’une conférence interconfessionnelle, qui a donné lieu à un important ouvrage visant à clarifier la notion de messianisme, la première conclusion atteinte fut : The Messiah is not in the Old Testament.
J.H. Charlesworth (ed.), The Messiah, Princeton, 1992.
Pour s’en assurer, il suffit de se référer à une concordance biblique. On y trouve trente-neuf attestations du mot mashiah. Les plus nombreuses désignent le roi. On ne s’étonnera pas qu’elles se rencontrent essentiellement dans le livre de Samuel (quinze occurrences), où l’onction dispensée par le prophète successivement à Saül, puis à David, a toute son importance puisqu’il s’agit de la consécration des premiers rois. Pour le second Isaïe (45.12), l’ « oint » est un souverain étranger, le conquérant perse Cyrus, qui permet aux exilés de Juda de rentrer à Jérusalem.
Dans le Lévitique (4.3, 5, 16 et 6.15), il n’y a qu’un mashiah, c’est le grand prêtre (hacohen hamashiah). L’onction est une marque d’élection. C’est ainsi que mashiah peut être appliqué au peuple d’Israël (Habacuc 3.13 ; Psaumes 28.8).
C’est sans doute dans les Psaumes que l’espérance en l’ « oint » de la descendance de David est la plus pressante (Ps. 2.2 ; 18.51 ; 20.7 ; 105.15). Il s’agit dans tous les cas d’un roi très humain, sans aucune dimension eschatologique.
Ibid. article de J.J.M. Roberts.
Le constat est indubitable : In the original context not one of the 39 occurrences of mashiah in the Hebrew canon refers to an expected figure of the future whose coming will coincide with the inauguration of an era of salvation.
II. Le « messianisme » biblique
N’y a-t-il donc pas de messianisme dans la Bible ? N’est-ce pas l’ère messianique qu’annonce Isaïe en prophétisant que « des peuples nombreux » monteront à la montagne du Seigneur (Is. 2.3), « qu’une nation ne lèvera plus l’épée contre une autre » (Is. 2.4), et que « le loup séjournera avec l’agneau » (Is. 11.6) ? Tel est effectivement le tableau que nous nous faisons, grâce à lui, de ce que nous appelons l’ « ère messianique ». Mais où est le Messie dans ce texte ? Il est clair que dans ce cas « messianique » est confondu avec eschatologique, car Isaïe aurait eu une vision heureuse de la fin des temps. Or, beaucoup de traducteurs rendent beaharit hayamim simplement par « dans la suite des temps ». Isaïe a une conception dynamique de l’histoire : après un temps d’épreuves, le pardon divin ramènera le bonheur sur une terre purifiée. Nous avons tendance à appeler « messianique » toute espérance en un futur idéal, toute vision de paix universelle, et c’est ainsi qu’on en vient à parler de « messianisme sans Messie ».
Il est vrai, cependant, que nombre de textes bibliques évoquent un personnage, parfois présenté métaphoriquement, en qui se concentre l’espérance des hommes. C’est ce qui vaut à ces passages la réputation de textes « messianiques ». Or, aucun d’eux ne comporte le mot « messie », ni la bénédiction de Jacob (Genèse 49.10 : « Le sceptre ne sera pas ôté de Jacob jusqu’à ce que vienne Shilo, à qui est due l’obéissance des peuples ») ni l’oracle de Balaam (Nombres 24.17 : « Un astre est issu de Jacob et un sceptre a surgi d’Israël »), ni les prophéties de Jérémie (23.5) et de Zacharie (6.12) qui promettent la venue d’un « germe juste » ou d’ « un homme qui a pour nom Germe » (semah). Tels sont pourtant les versets messianiques les plus fréquemment cités par l’exégèse juive. Le surnom de Bar Kokhba « fils de l’étoile » donné au chef charismatique de la seconde révolte contre Rome (132-135) prouve de lui-même que ce héros était identifié par certains à « l’astre issu de Jacob » compris comme une métaphore désignant un sauveur. Quant au mystérieux Shilo et au « germe », ils étaient interprétés comme des noms du messie à venir.
L’exégèse chrétienne a, bien entendu, hérité de ces interprétations. Pour des raisons évidentes, elle a souvent préféré s’appuyer sur les versets bibliques où revenait le mot « fils », tels Isaïe 7.14 où la traduction de l’hébreu ‘alma par parthenos dans la Septante fonde la naissance virginale de Jésus : « La jeune femme (ou parthenos, la vierge) enfantera un fils, tu l’appelleras Emmanuel ». « Emmanuel » apparaît ainsi dans la tradition chrétienne comme un nom du Messie. Cette « prophétie de l’Emmanuel » était déjà au cœur du débat entre chrétiens et juifs au début du iie siècle, comme l’atteste le Dialogue avec Tryphon de Justin Martyr ; l’on y voit que la lecture juive de ce passage était purement historique : le fils annoncé n’est autre qu’Ezéchias, fils du roi Achaz, selon Tryphon.
Il en va de même pour l’autre passage d’Isaïe évoquant l’enfant destiné à sauver le trône de David qui est au centre de l’exégèse messianique chrétienne : « Un fils nous a été donné, le principat repose sur ses épaules ; on proclame son nom : conseiller merveilleux ! héros divin père à jamais ! prince de paix » (Isaïe 9.5). La tradition chrétienne considère en outre comme messianique le Psaume 2 où on a vu que le mot Messie intervient (les rois se dressent contre Dieu et son Messie) au v. 2, aussitôt suivi de : « Il m’a dit : Tu es mon fils, c’est moi qui t’ai engendré aujourd’hui » . Ce fils est aussi un roi (« C’est moi qui ai sacré mon roi sur Sion, ma montagne sainte », v. 6). C’est ce personnage que l’exégèse chrétienne reconnaît dans le Psaume 110, assis à la droite du Seigneur, et à qui il est dit : « Tu es prêtre à jamais à la manière de Melchisedeq ». Il est aussi le roi de Zacharie 9.9 « juste et victorieux, humble et monté sur un âne » que l’entrée de Jésus à Jérusalem au jour des Rameaux a confirmé dans sa dimension messianique selon Matthieu 21.5.
Il est donc clair que juifs et chrétiens lisent les textes sacrés avec tout le poids de leurs exégèses respectives, accumulées au cours des siècles.
Vie de Jésus, 13e édition, Paris, 1860, p. 15.
À la liste précédente la christologie a ajouté le chapitre 53 d’Isaïe car c’était le Christ mort sur la croix qu’elle reconnaissait dans « le serviteur souffrant ». Enfin, le livre de Daniel devait lui fournir un autre titre important associé au Christ, celui de « Fils d’homme ». Dans la vision du chapitre VII, quatre grands empires qui ont dominé le monde sont représentés sous forme de bêtes, la dernière étant la plus effrayante de toutes. Ces bêtes passent en jugement devant l’Ancien des Jours (vision anthropomorphique de Dieu) assisté d’un personnage à visage humain « comme un fils d’homme » auquel sont promises « la puissance et la gloire ». Le contexte historique de la vision de Daniel, tel qu’il a été reconstitué par les historiens, est celui de la révolte des Juifs contre la Syrie séleucide d’Antiochus IV Epiphane : la quatrième bête représente la Syrie, et le personnage d’apparence humaine a une identité collective : il s’agit de la nation des « Saints du Très Haut » (v.18, 22, 27) ; autrement dit, Israël alors en lutte qui attend son salut de Dieu. Le temps passant, le mystérieux « Fils d’homme » devint une figure individuelle salvatrice. Le livre de Daniel, né en pleine crise politico-religieuse à l’époque des Maccabées, et plus tard inclus dans le canon biblique, exerça bientôt en Judée un impact profond et durable. Renan l’évalue à sa juste mesure quand il écrit : « L’auteur inconnu du livre de Daniel eut une influence décisive sur l’événement religieux qui allait transformer le monde. Il créa la mise en scène et les termes techniques du nouveau messianisme.»
III. Les débuts de l’attente messianique
Elie
Un texte aussi peu « messianique » que le livre I des Maccabées, vraisemblablement rédigé (en hébreu à l’origine) un peu avant l’an -100 nous montre que, vers cette époque, les Juifs de Judée vivaient dans l’attente. Lors de la purification du Temple reconquis sur les Séleucides (-164), Juda Maccabée aurait déposé les anciennes pierres de l’autel « en attendant que vînt un prophète qui donnerait une réponse à leur sujet » (I Mac. 4.46). Une vingtaine d’années plus tard, les Judéens donnèrent le pouvoir à son frère Simon et à ses descendants « jusqu’au moment où se lèverait un prophète digne de foi » (I Mac. 14.41). Qui était donc le prophète attendu ? Sans doute un nouvel Elie, un Elie redivivus. On devait espérer la réalisation de la prophétie de Malachie :
Voici que moi je vous envoie le prophète Elie avant que ne vienne le Jour du Seigneur, jour grand et redoutable. Il ramènera le cœur des pères vers les fils et le cœur des fils vers les pères.
Cette attente est bien perceptible au ier siècle et dans le Nouveau Testament. Lorsqu’apparaissait une figure charismatique, on lui demandait : « Es-tu Elie ? »
L’Élu de justice (I Hénoch)
Entre temps, l’idée avait surgi que le prophète Elie serait l’annonciateur d’un autre personnage qui présiderait au « Jour du Seigneur », compris comme Jugement dernier. La figure daniélique du Fils de l’homme, investi par l’Ancien des Jours lors du jugement des empires, avait été recueillie par une apocalypse, le livre d’Hénoch. Cet ouvrage, écrit en araméen, est sans doute composite : on peut penser que sa rédaction s’est étalée sur les deux siècles précédant l’ère chrétienne et a subi aussi quelques influences ultérieures. Sous sa forme la plus complète, il nous est parvenu en ghez, car il est devenu un livre sacré dans l’Église éthiopienne. Dans la section la plus récente, connue sous le nom de « Parabole d’Hénoch », le héros voit apparaître un personnage aux côtés d’un vieillard qui est une représentation anthropomorphique de Dieu. Hénoch interroge alors un ange : « Qu’est-il ? D’où vient-il ? Pourquoi accompagne-t-il le Principe des Jours ? », et il lui est répondu :
C’est la seule partie dont il n’y ait pas de trace dans les fragments araméens d’Hénoch (...)
C’est le Fils d’homme auquel appartient la justice […]
Car c’est lui que le Seigneur des Esprits a élu.
(I Hénoch 46, 2-6)
Ce Fils d’homme n’est désormais plus une figure collective mais une figure individuelle préexistante au monde et gardée en réserve pour la fin des temps :
Avant que soient créés le soleil et les signes,
Avant que les astres du ciel soient faits.
Son nom a été prononcé devant le Seigneur des Esprits.
Il sera un bâton pour les justes […]
Il sera la lumière des nations […]
C’est pour cela qu’il est devenu l’Élu et celui qui a été caché par devant Lui, dès avant la création du monde et jusqu’à l’avènement du siècle.
(I Hénoch 48, 3-6)
Le Fils d’homme appelé aussi « L’Élu » ou « Le Juste » joue un rôle essentiel auprès de Dieu dans le Jugement dernier. C’est une figure quasi divine, un être angélique d’aspect humain, qui occupe un siège au ciel devant « le Principe des jours ». À deux reprises, il est également appelé « Messie » et c’est à lui qu’est promis l’empire universel.
Le roi Messie, fils de David
Le titre le plus fréquemment donné au Messie dans la tradition juive jusqu’à nos jours est sans nul doute celui de « fils de David ». Par là s’exprime clairement l’attente d’un roi issu de la dynastie davidique, destiné à recevoir l’onction qui le consacre et fait de lui un « oint » (mashiah) comme son ancêtre David.
Mais où était donc la dynastie davidique dont le prophète Nathan avait jadis promis la pérennité ? (« Ta maison et la royauté dureront à jamais devant moi, ton trône sera stable à jamais », II Samuel 7.16). Certes, des rois s’étaient installés sur le trône de Judée avec la dynastie hasmonéenne mais ils n’appartenaient même pas à la seule tribu royale, celle de Juda, c’étaient donc des usurpateurs ; en outre, ils cumulaient, à l’encontre de toutes les règles bibliques, les fonctions royale et sacerdotale. Une opposition ouverte s’était manifestée déjà sous Jean Hyrcan et accentuée sous le règne d’Alexandre Jannée qui avait impitoyablement châtié ses ennemis politiques, les Pharisiens. L’intervention romaine avait mis fin à la dynastie hasmonéenne, mais avait amené pire encore : le roi des Juifs était désormais Hérode, fils de l’Iduméen Antipater, plus soucieux de servir les intérêts de Rome par la grâce de laquelle il régnait, que ceux de son peuple ; à mesure que le temps passait il se révélait de plus en plus cruel et tyrannique. C’est dans un tel contexte politique, probablement sous le règne d’Hérode (-40-4), que dut être rédigé le Psaume XVII des Psaumes dits « de Salomon » auquel on accole souvent le qualificatif de « messianique ». Les références à l’histoire récente sont fort claires.
Aux usurpateurs hasmonéens a succédé un roi étranger qui a éliminé tous les représentants de la lignée rivale.
Ce que tu ne leur avais pas promis, ils s’en sont emparés de force.
Il n’ont pas rendu gloire à ton nom vénérable.
Leur orgueil les a poussés à fonder une royauté :
Ils ont dépouillé le trône de David, impudents imposteurs !
Mais toi, ô Dieu, tu les as renversés,
tu as ôté de la terre leur descendance,
en suscitant contre eux un étranger à notre race.
Selon leurs péchés tu les as rétribués, ô Dieu,
et leur sort fut celui qu’ils avaient mérité.
Dieu ne leur a pas fait grâce. Il a recherché leurs descendants,
et n’en a pas laissé échapper un seul.
Alors le Psalmiste s’écrie : « Suscite-leur leur roi fils de David » (Ps. Sal. XVII, 21).
C’est à partir de ce moment que l’on se met à rêver d’un authentique descendant de David, juste et bon comme le conseiller merveilleux d’Isaïe XI, humble comme le roi monté sur un âne de Zacharie IX. Et puisque aucun descendant de David n’est en vue, on se dit qu’il est sans doute caché. À la mort d’Hérode le brusque surgissement de prétendants au trône d’extraction populaire – l’ancien esclave Simon, le berger Ahtronges – peut être interprété comme l’effet d’une telle attente.
Le roi espéré est tout naturellement appelé « Messie » dans les Psaumes XVII et XVIII de Salomon, car il est destiné à recevoir l’onction sur le modèle de celle de David, une onction que n’avaient reçue ni les Hasmonéens ni Hérode. Il lui incombera de réaliser les prophéties d’Isaïe :
Sa force réside dans son espoir en Dieu.
Il fera grâce à toutes nations qui se tiennent devant Lui dans la crainte, car il frappera la terre de la parole de sa bouche à jamais.
Il bénira le peuple du Seigneur de sagesse et de joie.
(Ps. Sal. XVII, 34-35)
L’« oint » sauveur est avant tout un roi juste et sage, mais il est protégé par l’ « Esprit saint » (Ps. Sal. XVII, 37). Il commence ainsi à prendre une dimension quelque peu surnaturelle suivant l’interprétation d’Isaïe XI, 4 (« il frappera la terre de la parole ») qui dans l’Apocalypse de Jean deviendra une épée aiguë sortant de la bouche « du Fils d’homme ».
On voit donc que l’idée messianique s’est fait jour, comme l’exprime G. Scholem, « non pas comme la révélation abstraite de l’histoire de la rédemption, mais sous l’influence de circonstances historiques très déterminées ». Ainsi se créé « la brûlante atmosphère » si bien ressentie par Renan « mélange confus de claires vues et de songes », « alternatives de déceptions et d’espérances », « aspirations sans cesse refoulées par une odieuse réalité ».
IV. L’attente du Royaume
L’« incubation », l’attente de quelque chose d’inconnu fut sans doute différente suivant les divers courants entre lesquels étaient divisés les Juifs de Judée en ce temps-là. Contrairement à l’idée reçue, les Esséniens ne me semblent pas avoir été les plus « messianiques » au sens qu’a pris ce terme. Selon les documents découverts à Qumran et qui leur sont attribués, ils attendent deux « oints », l’un royal, l’autre sacerdotal, autrement dit ils espèrent le rétablissement de l’ordre ancien bouleversé depuis l’exil de Babylone et dont l’époque davidique semblait donner le tableau le plus flatteur. On peut donc les voir comme des ultra-conservateurs, nostalgiques d’un passé lointain. Ce qu’ils attendent, désormais, c’est le retour de cet ordre idéal, mais tous ne méritent pas de le voir. Seule une élite, celle des « fils de lumière » vainqueur des « fils des ténèbres » au terme d’un ultime combat, accèdera à ce royaume régi par les lois divines, au royaume de Dieu.
Parallèlement, au début du ier siècle, en l’an 6, se constitue un groupe d’exaltés que l’historien Flavius Josèphe évite de nommer du nom qu’ils se donnent et qu’il préfère appeler, par référence aux trois autres courants préexistants en Judée (Sadducéens, Pharisiens, Esséniens), « la quatrième philosophie ».
Il nous renseigne fort peu sur la doctrine de ses sectateurs car il s’attache surtout à souligner leurs sentiments anti-romains et leur responsabilité dans la grande révolte de 66. Il nous livre néanmoins une indication précieuse : « Ils jugent que Dieu est le seul chef et le seul maître » (Antiquités XVIII, 23). Pour que Dieu soit seul maître, il faut que Dieu règne seul à l’exclusion de tout pouvoir temporel. Les fondateurs de cette « philosophie » ne veulent donc vraisemblablement pas plus d’un roi juif (fût-il de la lignée davidique) que de l’emprise étrangère. Leur idéal n’est pas celui d’une simple indépendance nationale.
La caste sacerdotale décadente ne constitue certainement pas un pouvoir spirituel à leurs yeux. Né dans le milieu pharisien, ce mouvement, qui a influencé les sicaires et les zélotes, comporte une dimension mystique : il attend l’instauration du règne de Dieu. Pour cela ils semblent ne compter que sur leurs troupes, celles des soldats de Dieu, prêts à livrer le combat final contre Rome qui hâtera la venue du Royaume. Certains historiens ont tenté de donner une dimension messianique à tel ou tel chef de ce courant, Menahem par exemple, mais nous n’en avons aucune preuve. Il était fort possible d’espérer instaurer l’avènement du Royaume par une action collective sans attribuer de rôle particulier à un « oint ».
L’attente eschatologique n’est pas nécessairement messianique. La confusion qui règne souvent dans les esprits à ce sujet tient à ce qu’on établit trop souvent une équivalence entre les deux termes. Or, il a existé une eschatologie sans Messie. En revanche, il est vrai, on ne saurait concevoir un Messie sans espérance eschatologique.
V. L’attente du Messie au Ier siècle
Certains dans le peuple préféraient pourtant donner un visage au personnage providentiel qui, en ces temps de crise, apporterait le Salut. S’il faut encore citer Renan : « le Juif de cette époque était aussi peu théologien que possible. Les croyances […] étaient des croyances libres, des méditations auxquelles chacun se livrait selon la tournure de son esprit, mais dont une foule de gens n’avait pas entendu parler ».
Ceux qui approchèrent Jésus et furent sensibles à son message ne savaient sans doute quel titre lui donner car ils ne savaient pas eux-mêmes ce qu’ils attendaient : était-il un prophète, était-il Elie ? était-il le fils de David ? Ils ne savaient pas si sa mission était céleste ou terrestre : « Est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d’Israël ? » demandent les apôtres (Actes I, 6). Dans un premier temps, c’est la résurrection qui est l’événement fondateur du christianisme sans que titre ou mission soient vraiment précisés. À la fin du ier siècle, on attend son retour imminent comme le montrent les dernières paroles de l’Apocalypse de Jean : « Oui je viens bientôt » (Apoc. 22.20). Christos, « oint », interprété comme un titre eschatologique et non simplement comme une marque de royauté devient le nouveau titre de Jésus mort et ressuscité.
Entre temps une immense catastrophe s’était abattue sur les Juifs. Ceux de Judée s’étaient imprudemment soulevés contre une puissance romaine alors à son zénith. Leur révolte avait été écrasée, le Temple incendié, Jérusalem détruite. Deux apocalypses juives de la fin du ier siècle, connues sous le nom de II Baruch et IV Esdras, reflètent l’état d’esprit des survivants :
Heureux celui qui n’est point né
ou naquit pour mourir aussitôt
Mais malheur à nous les vivants
qui avons vu les douleurs de Sion
Et le sort de Jérusalem.
(II Bar. 10, 6-5)
Pourquoi suis-je né ? Pourquoi le ventre de ma mère n’a-t-il pas été mon tombeau ? Ainsi je n’aurais pas vu la peine de Jacob et l’épuisement d’Israël.
(IV Esd. II, V, 35)
Où était l’Alliance ? L’élection ? La justice divine ? La vie valait-elle la peine d’être vécue ? À ces questions angoissantes, toutes deux s’efforcent de trouver des réponses qui donnent encore quelque raison de vivre.
Baruch et Esdras reçoivent en retour de leurs interrogations des révélations d’en haut. Le monde approche de sa fin, l’avènement de la rédemption est pour bientôt. Au désespoir répond la promesse, à l’impatience l’assurance que l’attente sera de brève durée, à l’insistance l’idée que le monde doit atteindre son point de maturation. L’histoire est divisée en grandes périodes, la catastrophe récente est elle-même le signe de la fin des temps.
La jeunesse du temps est passée, la vigueur de la création est consumée. Peu de choses manquent encore à l’avènement du temps pour qu’ils soient passés. La cruche est proche du puits, le navire du port. Le tracé de la route s’achève à la ville, et la vie approche de sa fin.
(II Bar. 85, 10)
Il faut avoir atteint le fond du malheur pour mériter la rédemption. C’est alors que surgira le Rédempteur, le Messie. Il apparaît dans les deux textes sous forme de vision symbolique.
En II Baruch 36-37, une immense forêt est submergée par une source, seul subsiste un cèdre altier qui passe en jugement devant une vigne. Le cèdre « survivant de la forêt du mal » représente le dernier chef de Rome qui réunit en elle toutes les formes d’immoralité, il est exécuté par le Messie « semblable à la source et à la vigne ». Ainsi Dieu, à travers son Messie, assurera le salut de la vigne, symbole biblique d’Israël, dont il est resté, malgré les apparences, le fidèle gardien.
Pour représenter Rome, IV Esdras recourt à un tout autre symbole, celui de l’aigle, un aigle monstrueux à trois têtes et six couples d’ailes. Un lion le défie et annonce que la terre sera bientôt libérée de sa domination inique. Ce lion (le lion de Juda) n’est autre que « le Messie que le Très Haut a réservé pour la fin des temps » (IV Esd. V, XII, 32), celui que Dieu appelle « mon fils » (IV Esd. VII, 28). Le Messie joue ici aussi un rôle de juge : le corps de l’aigle condamné brûle de même que le grand cèdre est livré aux flammes. Dans cette fonction il est l’héritier du Fils d’homme de Daniel et de l’Élu de justice d’Hénoch.
Qu’attendait-on du Messie à la fin du ier siècle ? Avant tout qu’il mette un terme au quatrième et dernier empire de l’histoire, Rome, et fasse disparaître ainsi le mal de la terre. Par cet ultime affrontement, il rendrait possible la restauration de Jérusalem.
La ville est l’objet de tous les rêves entretenus par l’éblouissante description de la nouvelle Jérusalem chez Isaïe. II Baruch (VI, 9) promet que Jérusalem « livrée pour un temps » sera rénovée dans la gloire « rendue parfaite pour l’éternité » (XXXII, 4). Mais la Jérusalem nouvelle n’est pas construite de main d’homme, elle vient du monde d’en haut, elle est gardée en réserve auprès de Dieu depuis la Création et n’a été montrée qu’à quelques élus : Adam, Abraham, Moïse (II Bar. IV, 1-7). C’est elle aussi qu’attend IV Esdras : Sion lui apparaît sous l’aspect d’une mère éplorée bientôt remplacée par une cité imposante d’une magnificence surnaturelle, la Cité du Très Haut (X, 50-55).
Ces visions se doublent d’une conception millénariste de la fin de l’Histoire que l’on rencontre également dans l’Apocalypse de Jean, strictement contemporaine des deux autres. Dans cette apocalypse, après le jugement de la grande prostituée (Rome) et l’anéantissement de la Bête, Satan est enfermé pour mille ans, ce qui est la durée du règne du Christ et des saints martyrs (Apoc. 20, 4). De même on lit en IV Esdras (VII, 28) : « Mon fils, le Messie, sera révélé en même temps que ceux qui sont avec lui et ceux qui auront survécu se réjouiront durant quatre cents ans [versions latine, géorgienne et première version arabe] ou mille ans [deuxième version arabe] ». Mais pour IV Esdras le Messie est un être mortel (« Après cela mon fils le Messie mourra avec tous les humains » IV, 29). Son règne n’aura servi qu’à préparer le jour du Jugement et le règne de Dieu dans une éternité incorruptible (VII, 113).
Les idées messianiques de la fin du ier siècle ne sont pas tout à fait celles qui prévalent dans le judaïsme par la suite. En fait, elles n’ont jamais été répertoriées de manière cohérente. La Mishna les a sciemment évitées car l’aventurisme messianique de Bar Kokhba avait été responsable de nouveaux malheurs. Le Talmud et le Midrash n’offrent que des conceptions éparses et fragmentaires. Nulle part on ne trouve de programme (de « checklist » comme dit Charlesworth) de ce que doit accomplir le Messie. Comme le note E. Urbach, la diversité des opinions dépasse les normes habituelles de la controverse, elle ne se limite pas à des conceptions de détail, mais affecte des notions fondamentales, impliquant chez l’un la complète négation de la doctrine de l’autre. Cela n’a pas empêché l’espérance messianique de croître et d’occuper une place de plus en plus importante dans la liturgie ou les spéculations du Moyen Âge jusqu’aux temps modernes.
L’attente messianique a eu un rôle important dans l’histoire des Juifs et l’a encore pour certains. Elle a apporté consolation en des temps de détresse et a pu aussi mobiliser des forces dans des aventures destinées à changer le cours des choses. Le point commun à toutes les formes qu’a pu prendre le messianisme est l’espérance. Or, ainsi que l’observe Gershom Scholem « il y a dans l’espérance quelque chose de grand et en même temps de profondément irréel. Vivre dans l’espérance, c’est pour l’individu se trouver sans pouvoir, ne pouvoir jamais s’accomplir parce que l’échec réduit à néant précisément ce qui constitue sa plus haute dignité ». Mis à part une petite frange mystique, le judaïsme est-il encore messianique ? Sans doute l’espérance est-elle toujours une de ses vertus profondes, mais elle n’attend pas nécessairement le salut d’un autre, fût-il l’instrument de Dieu.
Bernard
Bernard- Messages : 85
Date d'inscription : 19/12/2009
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Re: Le talmud loi orale ou La Torah Loi Ecrite ?
Merci Eliran pour ton témoignage qui me va droit au coeur...
Bernard
Bernard
Bernard- Messages : 85
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Re: Le talmud loi orale ou La Torah Loi Ecrite ?
Shalom mes amis,
Je voudrai que vous preniez la peine d' ouvrir le lien " va dire à mon peuple" que je vous transmets et qui correspond au re-sentiment que j' ai eu en discutant avec des amis Jésuites.
et dites-moi ce que vous en pensez
http://jpn-atlantic.com/francais/up-dl/uploads/index.php
Bernard
Je voudrai que vous preniez la peine d' ouvrir le lien " va dire à mon peuple" que je vous transmets et qui correspond au re-sentiment que j' ai eu en discutant avec des amis Jésuites.
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Bernard
Bernard- Messages : 85
Date d'inscription : 19/12/2009
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Re: Le talmud loi orale ou La Torah Loi Ecrite ?
Shalom, Eliran,
J'ai un profond respect pour ta démarche que je sens sincère...
Je pense que Jeshua te place là où Il a envie de te placer,
Et que là où tu te trouves, tu auras probablement des occasions de témoigner de ce que Jeshua représente, en tant que Mashia' et Sauveur pour les Juifs et les Païens...
Je lui fais confiance, tu as un rôle à jouer et Jeshua t'en donnera la force et les moyens...
Laisse toi guider.
Dieu te bénisse dans le Nom Puissant de Jeshua... Amen !
Cécile.
C’est vrai qu’il n’est pas facile de témoigner que Yeshoua est le Messie d’Israël, malgré tout ce n’est pas non plus complètement impossible, c’est surtout une question de tact !
J'ai un profond respect pour ta démarche que je sens sincère...
Je pense que Jeshua te place là où Il a envie de te placer,
Et que là où tu te trouves, tu auras probablement des occasions de témoigner de ce que Jeshua représente, en tant que Mashia' et Sauveur pour les Juifs et les Païens...
Je lui fais confiance, tu as un rôle à jouer et Jeshua t'en donnera la force et les moyens...
Laisse toi guider.
Dieu te bénisse dans le Nom Puissant de Jeshua... Amen !
Cécile.
Cécile- Messages : 24
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Re: Le talmud loi orale ou La Torah Loi Ecrite ?
Shalom Eliran
chacun doit suivre la voix que Dieu a tracé pour lui, si Dieu veut que tu ailles avec les Juifs orthodoxes et bien c'est que là est ta place. Après tout Le Seigneur Yeshoua allait bien dans une synagogue avec les pharisiens. Si tu peux leur annoncer le message de Yeshoua, alors cela sera merveilleux mais surtout reste ferme dans La Parole de Notre Dieu et n'oublie pas que c'est toi qui doit les influencer à suivre Yeshoua et que ce n'est pas eux qui doivent t'influencer à ne pas Le suivre.
Que Dieu te dirige et te bénisse abondamment Eliran
chacun doit suivre la voix que Dieu a tracé pour lui, si Dieu veut que tu ailles avec les Juifs orthodoxes et bien c'est que là est ta place. Après tout Le Seigneur Yeshoua allait bien dans une synagogue avec les pharisiens. Si tu peux leur annoncer le message de Yeshoua, alors cela sera merveilleux mais surtout reste ferme dans La Parole de Notre Dieu et n'oublie pas que c'est toi qui doit les influencer à suivre Yeshoua et que ce n'est pas eux qui doivent t'influencer à ne pas Le suivre.
Que Dieu te dirige et te bénisse abondamment Eliran
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Re: Le talmud loi orale ou La Torah Loi Ecrite ?
Daniel Jackson a écrit:La Torah orale existe belle et bien, voici les preuves (liste extrêmement exhaustive)
1) Dans Devarim, Hashem dit que nous devons tuer le bétail comme cela a été prescrit (12:21). Or, cela n'est écrit nul part ! Par contre, la façon de tuer le bétail est consigné dans le Talmud.
Devarim 12:21
...tu pourras tuer, de la manière que je t'ai prescrite, de ton gros ou menu bétail que l'Éternel t'aura donné, et en manger dans tes villes tout comme il te plaira.
La manière de tuer l'animal kasher est bien prescrite dans La Torah Ecrite.
Devarim 12:15-16
Néanmoins, tu pourras, à ton gré, tuer des animaux et en manger la chair, dans toutes tes villes, selon le bien-être que l'Éternel, ton Dieu, t'aura accordé; l'impur ainsi que le pur pourront la manger, comme la chair du chevreuil et du cerf. Seulement, vous n'en mangerez point le sang: tu le répandras sur la terre, comme de l'eau.
Donc cela signifie d'égorger l'animal en faisant couler le sang.
Béreshith 9:4
Seulement, vous ne mangerez point de chair avec son âme, avec son sang.
cela signifie de ne pas manger le sang et donc de ne pas manger un animal avec son âme c'est à dire un animal vivant.
Daniel Jackson a écrit:2) Dans Bereshit, nous voyons Noah choisir des couples d'animaux purs et impurs, Cain et Avel, ou encore les Pères (patriarches) offrir de sacrifices, etc. Or, les sacrifices, ainsi que les animaux purs et impurs ont été "donnés" avec la Torah au Sinaï, comment donc ces hommes connaissaient ces mitsvot, commandements ? Tout simplement, Adam Harishone, le premier homme, avait en Eden une connaissance extrêment profonde du monde, et après la chute, cette connaissance a été transmise de génération en génération, de grand homme en grand homme. Car comment pouvaient-ils savoir que le sacrifice permet de se rapprocher d'Hashem ?
Comment pouvaient-ils savoir que des animaux étaient impurs et d'autres purs ?
La dessus je te rejoins à 100% sauf que La Torah orale dont ils avaient connaissance n'était pas le talmud mais bien La Torah que Dieu allait donné par écrit par la suite.
Daniel Jackson a écrit:3) Sha'ul/Paul, dans sa lettre pour Timothée, parle de Janès et Jambrès qui se sont élevés contre Moshé. Dans la Torah écrite, ces noms n'apparaissent nulle part. Pourtant, Sha'ul parle d'eux comme d'un "fait acquis", comme des personnes que ses lecteurs connaissaient.
Il s'agit en fait des deux magiciens egyptiens qui ont imités les miracles de Moshé, leurs noms se trouvent dans le Targoum de Yonathan, livre faisant partie de la Torah orale, la tradition des pères.
c'est également vrai mais pourquoi limiter les livres écrits des Juifs au talmud ?
Je ne suis pas de celle qui croit que les Juifs ont simplement écrits les livres répertoriés dans le talmud, ils ont écrits bien d'autres livres dans lesquels ils retraçaient leur histoire, autrement dit, ils avaient probablement d'autres livres des Chroniques que nous n'avons pas dans nos Bibles... Il y a des Livres mentionnés dans La Bible et qui ne se trouvent pas dans La Bible assemblée...
Daniel Jackson a écrit:4) Dans la lettre de Yehouda/Jude, ce dernier parle du corps de Moshé disputé par Gavriel et le satan. Cela n'apparaît pas dans la Torah, mais dans un livre écrit par un rabbin/pharisien à l'époque du second Temple. D'où tenait-il cette "information" ? Ca ne peut être que par une transmission orale qu'il aurait mis par écrit.
en effet, je m'étais déjà posé la question sur le récit de Yéhoude, merci de cette information que j'ignorais :)
Daniel Jackson a écrit:Idem, dans la même lettre, il parle de Henokh/Hénoc qui a prophétisé. Or, dans la Torah, ce personnage ne prend jamais la parole. Cela provient aussi de la tradition orale.
je ne savais pas non plus :)
Daniel Jackson a écrit:Et que dire de Yeshoua Lui-même qui a conté nombre de midrashim, paraboles, selon le schéma utilisé par les rabbins, schéma transmis de génération en génération.
Ici je ne crois pas que Yéshoua (Jésus) ait pris modèle sur des histoires déjà existantes mais qu'Il les a lui même donné.
Je crois moi aussi à une transmission orale mais je ne là résume pas au talmud...
De plus le gros problème, c'est que le rabbina orthodoxe place la loi orale à la même place que La Torah Ecrite annulant même certains commandements de La Torah Ecrite par leur loi orale et c'est là le danger car si Dieu s'est donné la peine que Sa Torah Soit donnée par écrit c'est justement pour que l'oral ne déforme en rien Ses Commandements.
Ruth Administratrice- Admin
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