La Turquie durcit ses relations avec Israel

Brève prise d'otages à l'aéroport d'Ankara

Une quarantaine de touristes israéliens ont été retenus par les autorités turques à l'aéroport d'Ankara, passeports confisqués, fouillés et interrogés pendant une heure et demi le lundi 5 septembre 2011 au matin.

Aucune explication n'a été fournie par la Turquie sur cette action. Les autres passagers de la compagnie Turkish Airlines n'ont pas été inquiétés. Ces mesures semblent être pour le gouvernement d'Ankara une suite logique à son rejet des conclusions du rapport de l'ONU sur l'affaire du bateau pro-palestinien arraisonné alors qu'il essayait de forcer le blocus israélien de Gaza.

Le gouvernement Turc, qui demande à Israël des excuses depuis de long mois est extrêmement irrité des conclusions du rapport Onusien qui lui donne tord, estimant le blocus et l'arraisonnement légal, reconnaissant l'agression subit par des soldats de Tsahal et critiquant Israël uniquement pour avoir sous estimé la violence des militants et s'être mis dans une situation où le recours aux armes à feu était inévitable. Cet incident avait fait 9 morts parmi les militants pro-palestiniens dont certains avaient déclaré avant le départ être "prêt à mourir en martyr".

La population turque soutient son gouvernement

Les Turcs, musulmans à 99%, soutiennent globalement leur gouvernement dans cette escalade qui a commencé vendredi dernier par le renvoi de l'ambassadeur israélien, s'est poursuivi par l'annonce d'une visite du Premier Ministre Turc à Gaza et par des menaces de couper toute relations économiques avec l'état hébreu. La Turquie a pendant longtemps été un allié d'Israël mais le gouvernement Erdogan s'est rapproché de l'Iran.

L'empathie avec la cause palestinienne est d'autant plus facilité en Turquie par le maintien d'un certain antisémitisme d'état, même à la période des bonnes relations :
- Lors de la foire du livre de Francfort de 2006, le stand du Ministère de la Culture et du Tourisme Turc présentait divers livres antisémites.
- Le Ministère des Affaires Etrangères turc avait refusé d'interdire la diffusion très massive en Turquie d'ouvrages antisémites. Il s'agissait principalement du "Mein Kempf" d'Adolf Hitler et du "Protocole des sages de Sion" célèbre faux de l'époque tsariste présentant une conspiration mondiale juive et livre de chevet de tout bon antisémite depuis 110 ans. La Turquie avait estimé ne pas devoir "faire obstacle à la liberté d'expression", elle avait eu une position inverse par la suite lors de l'affaire des caricatures de Mahomet qui concernait les musulmans.
- En 2004, la chaîne turque TV5 avait diffusé la série iranienne "Zarha", aimable fiction mettant en scène un général israélien qui enlève une petite fille palestinienne et lui arrache les yeux.

La maigre communauté juive de Turquie, 20 000 personnes, vit dans la crainte depuis plusieurs années. On à vu fleurir des pancartes indiquant "Entrée libre aux chiens. Interdit aux juifs et aux Arméniens" sans que les pouvoirs publics ne s'en émeuvent. Dans ce contexte, l'incident de l'aéroport d'Ankara peut passer pour une menace à peine voilée envoyée au gouvernement de l'état juif. On note d'ailleurs que Jérusalem fait preuve d'une extrême retenue, se bornant toujours à refuser toute excuse sur l'affaire de la flottille mais essayant de calmer Ankara. Ainsi l'expulsion de l'ambassadeur israélien, geste violent en langage diplomatique, n'a pas provoqué de réaction coté israélien.

source : nouvelobs